Fragilisées par la crise sanitaire , les radios et chaînes de télévision locales s’opposent à l’interdiction des pubs pour certains produits

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Fragilisées par la crise sanitaire, les radios et chaînes de télévision locales se sont inquiétées mercredi des conséquences d’une interdiction de la publicité pour certains secteurs, comme le propose la Convention citoyenne sur le climat, et ont présenté des solutions alternatives. «Les radios indépendantes emploient 2.500 salariés dont 500 journalistes et sont financées à 100% par la publicité. Les publicités pour la distribution représentent 50% de notre chiffre d’affaires et celles du secteur automobile 20%», a détaillé Alain Liberty, président du Sirti, syndicat des radios indépendantes, lors d’un point presse.
Ces radios, qui disent contribuer en outre à hauteur de 50 millions d’euros par an à la scène musicale française via des droits d’auteur, devraient voir leurs revenus fondre de 35% cette année avec la crise. Du côté des télés locales, «25% de nos ressources viennent de la publicité, dont 43% vient de la distribution et 16% de l’automobile», selon Dominique Renauld, co-président de l’organisme Locales.tv, qui réclame une étude d’impact sur les propositions de la Convention citoyenne. Dans un rapport qui doit déboucher sur un projet de loi, la Convention citoyenne sur le climat estime qu’il faut interdire «dès 2023» la promotion des produits les plus polluants sur «tous les supports publicitaires» ainsi que pour les produits mauvais pour la santé (boissons sucrées, aliments gras, sucrés, salés et ultra-transformés). «La sensibilisation du public à la protection de l’environnement ne doit pas se faire au détriment des médias financés essentiellement par la publicité, diffusant gratuitement leurs programmes. Il en va de la liberté d’expression et de la préservation de la diversité du paysage médiatique dans les territoires», estiment les médias audiovisuels locaux.
«Avant toute décision radicale et non concertée, il est nécessaire de chercher des solutions alliant la lutte contre le changement climatique et la préservation d’industries culturelles et créatives comme les radios indépendantes ou les télévisions locales», souligne Alain Liberty, même s’il reconnait qu’il va falloir «réfléchir au modèle économique des médias locaux, trop dépendants de la publicité». D’où leur proposition de réunir des Assises des médias locaux, sous l’égide du ministère de la Culture et du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Ils plaident par ailleurs pour la création «d’une autorité publique de régulation de la publicité, dotée de pouvoirs de contrôle et de sanction, à l’instar du CSA avec les contenus audiovisuels». Ils proposent aussi la mise en place d’un «Contrat Média-Climat», sous l’égide et le contrôle du CSA, par lequel les médias s’engageraient à diffuser des contenus éditoriaux et publicitaires pour valoriser et sensibiliser sur la transition écologique.