Festival «Totally Serialized» : scénaristes français et britanniques donnent les recettes du succès

475

Regardez une série sans l’image, commencez votre scénario par une émotion brute, soyez sincère sans ennuyer… Une douzaine de scénaristes français et britanniques de séries TV ont partagé au festival «Totally Serialized» de Londres leurs recettes pour percer dans le milieu. «Ne racontez pas votre histoire pas à pas, parce que les gens vont s’ennuyer tout de suite. Ne cherchez pas à être bon élève et à faire tout dans l’ordre, cherchez à voir ce qui va déranger et obliger l’autre à vous écouter», Benjamin Dupas, scénariste de 40 ans qui a participé à l’écriture des saisons 2 et 3 de «Kaboul Kitchen» diffusée sur Canal+. «On a tous des choses à raconter mais très peu de gens savent éveiller l’intérêt. Ce qui nous surprend, nous perturbe, c’est une émotion communicative de départ, une émotion universelle, c’est souvent la peur mais ça peut être le rire, la joie, le dégoût», a-t- il ajouté à l’occasion du festival de séries TV qui s’est tenu fin janvier à l’Institut français de Londres. Pour la quatrième édition, quelque 225 professionnels (60% de Britanniques et 40% de Français) ont échangé pendant trois jours sur la production et la création de séries en Europe. Ancien enseignant et metteur en scène de théâtre qui se consacre depuis 10 ans à l’écriture de scénario, Benjamin Dupas estime que la clé est de «se rassembler entre jeunes auteurs ou aspirants-auteurs, partager ses points faibles et essayer de s’améliorer». Il a d’ailleurs fondé un collectif de scénaristes professionnels, le Sas

(http://sas-atelier.overblog.com) pour susciter émulation et entraide créative.Ungoûtducollectifpartagé par Ashley Pharoah, scénariste britannique de 55 ans qui a créé «Life on Mars» et «Ashes to Ashes» et collabore actuellement avec la chaîne américaine HBO. Confiant «adorer travailler avec d’autres auteurs», il a vécu cette expérience comme «une énorme source de créativité quand vous vous faites confiance». Pour lui la clé d’une bonne série est «que quelque chose dans l’idée doit contenir un conflit inhérent».

En empathie avec les personnages:Frédéric Krivine, 55 ans, est un baron de l’écriture TV en France. Créateur de la série «PJ» pour France 2 et d’»Un Village français» pour France 3. Il rêverait d’avoir «la recette» d’une série réussie mais ne peut que conseiller «d’être sincère, en empathie avec ses personnages» sans être ennuyeux. Un avis partagé par Cécile Gerardin, scénariste française de la série «Dos au Mur» (2015), pour qui l’essentiel est d’avoir «une vie ailleurs, en dehors de l’écriture, pour pouvoir nourrir vos histoires» avant d’ajouter: «souvenez-vous des grands moments d’émotions qui ont marqué votre vie et exploitez- les». «Il faut pouvoir répondre au producteur qui dit «c’est intéressant, qu’est-ce que vous avez d’autre»», juge quant à lui Marlon Smith, auteur de la série britannique «Run» (2012), estimant primordial d’avoir plusieurs projets en poche et de les soumettre régulièrement aux chaînes. Lucy Kirkwood, scénariste britannique de 30 ans et créatrice de la série «The Smoke» conseille de prendre un agent, «quelqu’un qui ait les mêmes goûts que vous», et de participer à un maximum de concours d’écriture. Mutine, elle appelle chaque apprenti- auteur à «savourer le fait que vous pouvez faire une bonne partie de votre travail dans votre tête».