Festival du film francophone d’Angoulême : une 17ème édition dédiée au Maroc et à Delon

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Rendez-vous de rentrée devenu «incontournable» pour le cinéma, le Festival du film francophone d’Angoulême accueille spectateurs et professionnels de mardi à dimanche pour une 17e édition dédiée au Maroc, pays invité, et précédée lundi soir d’un hommage à Alain Delon. Avec dix films en compétition, la manifestation née en 2008 a bien grandi, au point de viser cette année «plus de 70.000» festivaliers selon ses organisateurs, contre 58.000 en 2023. «Maintenant on sait que c’est le festival qu’on fait juste avant de retourner à l’école», résume pour Dominique Besnehard, délégué général avec Marie-France Brière. Ayant contribué en 2011 à lancer «Intouchables» d’Olivier Nakache et Éric Toledano, l’un des plus grands triomphes du cinéma français (près de 20 millions d’entrées), «le festival y a gagné une dimension, pas seulement régionale, mais nationale, voire internationale maintenant», estime son cofondateur. Les stars du grand écran, comme cette année l’actrice britannique Kristin Scott Thomas en présidente du jury, Julie Delpy en lice comme réalisatrice ou Sandrine Kiberlain incarnant Sarah Bernhardt, y croisent professionnels du secteur comme simples amoureux du cinéma. «Cette année, la ligne de conduite, ce sont des portraits de femmes extraordinaires», détaille Dominique Besnehard, citant Valeria Bruni-Tedeschi en mère bipolaire dans «Une vie rêvée» de Morgan Simon, ou Audrey Lamy face à un fils autiste dans «En tongs au pied de l’Himalaya» de John Wax. Sur dix films, quatre réalisatrices briguent le «Valois de diamant» du meilleur long-métrage, telle Laetitia Dosch. L’actrice et réalisatrice est en lice avec «Le Procès du chien», présenté hors compétition lors du Festival de Cannes et lauréat de la «Palm Dog», récompensant le canidé le plus marquant de la sélection. Le public retrouvera aussi le rappeur et comédien Sofiane Zermani (alias Fianso) et Clotilde Courau dans un 1er film signé de l’attaché de presse Hassan Guerrar, «Barbès, Little Algérie». Le festival fera enfin la part belle à «la campagne» selon Dominique Besnehard, avec «Vingt Dieux» de Louise Courvoisier, l’histoire de «jeunes qui essayent de trouver un idéal». Hors compétition, on trouve également le documentaire «France, une histoire d’amour», cosigné par Yann Arthus-Bertrand. «Un grand témoin de notre époque», salue le délégué général, et un film qui «nous met devant nos responsabilités». Fil rouge du festival, le cinéma marocain est à l’honneur, avec «des films courageux» comme ceux de Nabil Ayouch, metteur en scène capable de «bousculer tous les tabous», selon le volubile agent et producteur. Le réalisateur marocain, dont le film «Much Loved» avait été sacré à Angoulême en 2015, revient cette fois présenter son nouveau long-métrage «Everybody loves Touda». Cette édition offre aussi une plongée dans le travail de la réalisatrice Valérie Donzelli («La Guerre est déclarée», «L’Amour et les Forêts») et présentera en avant-première son documentaire «Rue du conservatoire». «Les Barbares» de l’actrice et réalisatrice française Julie Delpy («2 Days in Paris», «Le Skylab») fait l’ouverture du festival mardi, le film de Guillaume Nicloux «Sarah Bernhardt la divine» le clôt dimanche. Coïncidence: les acteurs Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte sont à l’affiche de ces deux long-métrages. Des hommages ont été réservés aux actrices Micheline Presle et Anouk Aimée, récemment décédées, et la disparition d’Alain Delon a conduit l’organisation à organiser une soirée en sa mémoire lundi, avec la projection de «Notre Histoire», de Bertrand Blier. Ce film avec Nathalie Baye, avait valu à l’acteur le César du meilleur acteur en 1985, le seul de sa carrière.