F. LATRIVE (France Culture) : « Les audiences numériques ont été multipliées par 6 en 4 ans »

728

Du 5 juillet au 29 août 2021, France Culture propose une version estivale de sa grille avec une place centrale accordée au numérique. A l’issue d’une conférence de presse digitale organisée jeudi dernier, média+ s’est entretenu avec Florent LATRIVE, Directeur délégué au numérique de France Culture. 

Les programmes estivaux de France Culture seront disponibles en podcast avant leur diffusion. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? 

Notre décision a été motivée par l’évolution des usages et la façon dont les auditeurs écoutent aujourd’hui France Culture. Cela fait des années que les audiences numériques progressent régulièrement. Sur 100 minutes écoutées sur France Culture, 28 minutes le sont en numérique dont une bonne part en podcast. Cette performance de l’écoute en différé n’est ni marginale, ni anecdotique. Elle est liée à l’ADN de la radio qui produit beaucoup de programmes pérennes qui peuvent s’écouter soit en direct, soit en différé. Nous travaillons aussi sur une éditorialisation propre au numérique. On peut ainsi ressortir des archives en résonance avec l’actualité et aux événements culturels. Cet été, nous poussons la logique jusqu’au bout en proposant pour la première fois sur internet début juillet l’ensemble des programmes de la grille déjà créés, sans attendre leur diffusion à l’antenne. France Culture proposera huit «Grandes traversées», des collections consacrées à de grandes personnalités (François Mitterrand, Diego Maradona, la Comtesse de Ségur, Gisèle Halimi…). Nous aurons aussi des fictions au festival d’Avignon, des séries musicales le week-end et des émissions comme «Comment les livres changent le monde» avec Régis Debray, «Les films qui ont changé nos regards», ou «Eureka», un magazine sur les grandes découvertes scientifiques. 

Cette logique d’avant-première va-t-elle s’étendre sur le reste de l’année ? 

La radio reste un lieu de direct. On ne va pas faire des avant-premières de la matinale une semaine avant, ça n’aurait pas de sens. Des éléments de la grille ont donc vocation à rester en direct. En revanche, la logique d’avant-première va continuer à s’étendre, notamment sur nos documentaires et nos fictions. Tout l’enjeu est d’être capable de programmer des contenus en numérique quand c’est pertinent de le faire. 

Aucune cannibalisation n’est à observer entre la consommation linéaire et à la demande. Comment l’expliquez-vous ? 

Les deux usages sont complémentaires et se répondent très bien. Une radio de flux reste extrêmement pertinente parce que c’est le temps des rendez-vous. Il y a aussi des moments où l’on allume France Culture pour se laisser porter par un choix qui n’est pas le nôtre, pour se laisser surprendre par une voix ou un programme. A l’inverse, on a des types de contenus totalement adaptés à une écoute à la demande. Les deux usages se répondent très bien. On le voit dans les témoignages d’auditeurs qui nous remontent. La cohérence de notre programmation est portée à la fois par les usages d’antenne et à la demande. Il y a une clarté dans l’offre et dans la promesse.

L’offre numérique est-elle devenue une antenne à part entière ? 

Oui, le numérique est une antenne, au même titre que les podcasts, Facebook, YouTube, l’application Radio France. On a tendance à raisonner comme des antennes au pluriel. En fonction des supports, nous programmons des contenus avec une éditorialisation adaptée. 

Quels sont vos derniers chiffres d’audience ? Les audiences numériques ont été multipliées par 6 en 4 ans. On enregistre 32 millions d’écoutes mensuelles. Historiquement, les écoutes se faisaient essentiellement sur des supports de podcasts externes comme iTunes. On a décidé de gagner notre souveraineté et notre indépendance vis-à-vis des grands acteurs du numériques pour conserver la maîtrise de notre distribution. On a beaucoup mis l’accent sur franceculture.fr et l’application Radio France. Il y a 5 ans, 90% des écoutes se faisaient à l’extérieur et 10% sur nos propres plateformes. Aujourd’hui, 35% des écoutes se font sur nos supports et 65% à l’extérieur. L’objectif l’an prochain est de passer à 50-50.