Europe : l’auto-édition a le vente en poupe

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Avec de plus en plus de sites qui accueillent des manuscrits, il n’a jamais été aussi facile de publier un livre: tous ne deviendront pas des best-sellers comme «50 Nuances de Grey», issu de l’auto-édition, mais ce mode de publication gagne du terrain en Europe. Publiée jeudi, une enquête commandée par la plateforme BoD (Books on Demand), présentée comme leader de l’auto-édition en Europe, a été menée en août en France, Allemagne, Finlande, Suède, Autriche, Suisse et au Danemark, auprès de 1.748 de ses auteurs âgés de 12 à 88 ans. «L’implantation et la professionnalisation de l’auto-édition ne cesse de se développer en Europe» et le nombre d’auteurs en tirant des revenus devrait «croître parallèlement», estime BoD, qui compte aujourd’hui 25.000 auteurs en Europe, contre 3.000 en 2003, pour 45.000 livres publiés contre 6.600 voici dix ans. D’après l’enquête, 12,5% des auteurs interrogés considèrent déjà l’écriture et la publication de leurs livres comme une source de revenus. Signe des temps, la Foire du livre de Francfort, en octobre, a mis en avant les auto-éditeurs. En France et en Allemagne, presqu’un tiers des auteurs sondés a publié au moins quatre livres en auto-édition. En Suède, l’un des marchés les plus récents, ils sont 7,8%. Pourquoi privilégier l’auto-édition? 68,2% des auteurs plébiscitent «le plein contrôle sur le contenu», 64,8% «la simplicité» et 51,6% la possibilité de «conserver le plein contrôle des droits». 48,1% reconnaissent qu’ils n’avaient pas d’autre possibilité de publier leurs livres. Au côté d’inévitables déceptions -même Stephen King avait subi un échec retentissant avec son livre autoédité «The Plant»-, de belles histoires sont nées dans l’auto-édition: E. L. James, bien sûr, avec le succès planétaire de «Fifty Shades», «Crossfire» de Sylvia Day ou encore «Silo» de Hugh Howey. La France a aussi connu sa «success story» cette année avec «Les gens heureux lisent et boivent du café» d’Agnès Martin-Lugand, autoédité sur Amazon, puis publié par Michel Lafon. Le livre s’est vendu dans une vingtaine de pays et va être adapté au cinéma. «J’ai découvert la force de frappe d’une maison d’édition» traditionnelle, reconnaît-elle. Chaque année, en France, près de 70.000 nouveaux livres sont publiés par les éditeurs traditionnels, dont des rééditions. Aujourd’hui, selon BoD, «grâce aux plateformes des médias sociaux, les auteurs autoédités disposent de canaux de marketing efficaces pour atteindre directement un large public». Un tiers des auteurs interrogés investissent plus de 200 euros dans les prestations proposées (relecture, promotion…), les Suisses dépensant le plus. Les genres les plus appréciés des auteurs autoédités européens sont les guides pratiques (32%), la littérature (30,8%) et les ouvrages spécialisés (27,3%). En France, on compte 31,6% d’ouvrages spécialisés, 29,5% de romans et 26,3% de poésie. C’est dans l’Hexagone que «la part des auteurs autoédités motivés par la reconnaissance est la plus faible». En Finlande, ce sont les plus nombreux. Edilivre, MonBestSeller, WeLoveWords, TheBookEdition, BoD ou encore Lulu, pour n’en citer que quelques-uns, chaque autoéditeur ou plateforme collaborative a ses caractéristiques propres. Amazon, avec le Kindle Direct Publishing, et Apple, avec son iBooks Author, occupent aussi ce créneau. Pour la première fois de l’histoire des prix littéraires, le Renaudot avait sélectionné en 2010 un livre autoédité: «L’homme qui arrêta d’écrire» de Marc-Edouard Nabe.