Au bout de près d’un an de travaux, semés de difficultés, les Etats généraux de l’information voulus par Emmanuel Macron vont rendre publiques jeudi leurs propositions à destination des responsables politiques et des acteurs du secteur. Ces conclusions seront livrées dans la matinée au siège du Conseil économique, social et environnemental (Cese), en présence notamment de citoyens ayant contribué à ces Etats généraux (EGI). Après un discours de Bruno Patino, président du comité de pilotage des EGI et également patron d’Arte, qui sera suivi de tables-rondes, la journaliste philippine Maria Ressa, prix Nobel de la paix 2021, y fera une intervention. Comme il s’y était engagé durant la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait lancé ces Etats généraux en demandant au comité de pilotage indépendant de trouver de «nouveaux équilibres» dans un paysage médiatique en pleine mutation et dans un contexte de «défiance globale». A l’heure de l’hégémonie des grandes plateformes et des réseaux sociaux, une des priorités est notamment de lutter contre la désinformation. Autre enjeu, pour la France: celui de «moderniser les règles en matière de pluralisme et de concentration des médias», alors que nombre d’entre eux appartiennent à quelques milliardaires (Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky, Xavier Niel, Rodolphe Saadé…). Les EGI sont aussi très attendus sur le sujet de l’indépendance des rédactions. A l’été 2023, la grève au «JDD» contre l’arrivée comme directeur de Geoffroy Lejeune, marqué à l’extrême droite, a fait ressurgir la question d’une procédure d’agrément obligatoire par chaque rédaction. Via cinq groupes de travail, quelque 175 auditions et des consultations du public, le comité de pilotage des EGI doit formuler des propositions de modifications législatives, ainsi que des recommandations au secteur des médias. Peu après leur coup d’envoi, la ministre de la Culture d’alors, Rima Abdul Malak, avait tempéré les ambitions, en estimant que les EGI n’entraîneraient pas un «grand soir législatif» mais plutôt des «modernisations de lois» existantes. Depuis, la situation politique est moins favorable pour des évolutions de ce type, avec une Assemblée nationale très divisée. Des propositions concrètes sont cependant attendues pour «garantir le droit à l’information à l’heure numérique», selon les mots de Christophe Deloire, ancien délégué général du comité de pilotage des EGI. Celui qui était également secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) est décédé brutalement en juin. Un autre changement de la gouvernance des EGI était intervenu en janvier: son président Bruno Lasserre, prochainement jugé pour complicité de harcèlement moral, avait démissionné pour raisons «personnelles et familiales». Bruno Patino lui avait succédé. En outre, en réaction aux EGI, des «Etats généraux de la presse indépendante» avaient eu lieu en novembre dernier, réunissant des médias marqués à gauche comme Mediapart, Les Jours, Médiacités et encore Blast.