Christophe Deloire, délégué général des Etats généraux de l’information, a reconnu mercredi devant les députés qu’il est «complexe de toucher l’ensemble des citoyens», tout en se disant confiant sur le processus devant aboutir à l’été 2024. Des élus de droite comme de gauche de la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée, où il était auditionné, l’ont mis sur le gril. «J’avoue des doutes sur la représentation du grand public, sur l’exercice lui-même, ses retombées», a lancé Jean-Jacques Gaultier (LR), quand Sarah Legrain (LFI) a dit craindre une «énième réplique du grand débat» avec le risque de «ne déboucher sur pas grand-chose». Lancés en octobre, les Etats généraux de l’information (EGI), promesse de campagne d’Emmanuel Macron, sont pensés comme «un temps d’échange» entre experts, acteurs des médias et citoyens, et doivent déboucher sur des propositions de modifications législatives ainsi que sur des recommandations pour «garantir le droit à l’information». Les détails peuvent être consultés sur le site https://etats-generaux-information.fr/. Une consultation en ligne a déjà été organisée, ainsi qu’une journée de débats à Auxerre qui n’a pas fait salle comble. C’était «un pari de ne pas aller dans la France TGV» et «on savait que ça allait être compliqué» mais «il en est sorti beaucoup de choses», a assuré M. Deloire, par ailleurs secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières. En février-mars 2024 est programmé un «Tour de France des assemblées citoyennes» autour des EGI et «il est prévu des émissions de télévision sur le sujet qui permettront d’atteindre un public plus large», a-t-il ajouté. De plus, «la société civile, les médias, s’en sont saisis et organisent beaucoup d’événements, c’est assez effervescent», a souligné M. Deloire, qui accueille volontiers ces contributions. Ainsi la semaine dernière, des «Etats généraux de la presse indépendante» ont été lancés, réunissant des médias marqués à gauche. Le 11 novembre, la journaliste de CNews Christine Kelly avait animé des «Etats généraux du journalisme», marqués à droite voire à l’extrême droite. Remontée, la députée RN Caroline Parmentier a elle mis en cause «l’impartialité et l’indépendance» du pilotage des EGI, et accusé notamment Christophe Deloire d’avoir pour «bête noire» Vincent Bolloré, dont la famille contrôle le géant des médias Vivendi. Et M. Deloire de rétorquer: «toutes les lignes éditoriales sont légitimes» mais «il y a une question qui se pose, c’est celle de l’indépendance éditoriale», qui est «une demande très forte des Français».