Entretien avec René BALCER, Showrunner, producteur et Président de The Mattawin Company

 

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Reconnu pour votre travail de showrunner sur les séries «New York – Police judiciaire», «New York-Section criminelle», ou encore «Los Angeles, police judiciaire», comment organisez-vous votre travail de scénariste et de producteur ?

René BALCER

Sur la franchise «Low & Order» (Wolf Films), l’organisation de mon travail est plutôt bien huilée. Tôt le matin et tard le soir, nous écrivons les épisodes de la série, et entre temps, nous produisons le programme. Le temps d’écriture d’un script dépend entièrement de ce qui nous est accordé. Nous pouvons écrire un épisode en 3 mois ou en 3 heures. Ensuite, nous enchainons avec 8 jours de pré-production et 8 jours de production. Dans ce genre de séries, pas le droit à l’erreur. En l’espace de 9 ans, j’ai dû écrire et gérer la direction artistique de plus de 200 épisodes.

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Quelles sont vos sources d’inspiration en tant que scénariste de la série «Low & Order» ?

René BALCER

Je puise mon inspiration dans toutes les choses susceptibles de m’intéresser : mon épouse, les faits-divers, les gens que je rencontre, la TV, le cinéma… Parfois, je peux avoir une excellente idée sur le 4ème épisode et structurer le reste de la série en fonction de celui-ci. Après, je fonctionne beaucoup à l’instinct.

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Quels sont les secrets d’une série tv réussie ?

René BALCER

Il n’y a pas de format type. Comme l’a dit Jean-Luc Godard, l’histoire doit être construite avec un début, un milieu et une fin, mais pas forcément dans cet ordre. L’essentiel est d’impliquer le téléspectateur. Sur beaucoup de séries, les acteurs découvrent le scénario au dernier moment. Sur mes séries, j’ai toujours voulu m’assurer que le scénario soit prêt dans les temps, 10 jours avant. Ça à l’air simple, mais beaucoup de séries ne fonctionnent pas comme ça.

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Quel bilan dressez-vous de la série «Jo» sur TF1? Etait-il contraignant de produire une série internationale ?

René BALCER

La collaboration s’est bien passée entre Atlantique Productions, Jean Reno, les gens de la technique et moi-même. L’équipe française a une approche plus artisanale, mais tout aussi efficace, alors que le modèle américain a une organisation quasi militaire. En France, les chaînes misent sur les «ménagères de moins de 50 ans». Aux Etats-Unis, si vous dénommez cette cible «ménagères», vous pourriez provoquer une révolution… Pour la saison 2 de «Jo», TF1 n’y retournera pas.

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Développer une série avec un showrunner, est-ce le modèle idéal ?

René BALCER

Le succès des séries américaines est entre autres lié au modèle des showrunners, construit autour d’une personne qui se charge de la qualité d’une série. Cela permet de garantir la cohérence et la continuité entre les épisodes. Tom Fontana et moi-même sommes les pionniers de cette manière de faire. 

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L’émergence des séries internationales est-t-elle juste une mode ?

René BALCER

Une série internationale permet de mutualiser les moyens et d’exporter le programme en dehors des frontières. C’est un double avantage. Mais les contraintes de ce modèle sont surtout liées aux finances et à la distribution.

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Des projets en cours ?

René BALCER

Je prépare une minisérie de 6 heures avec la société de Georges Clooney (Smokehouse Pictures) sur le Los Angeles des années 60. Je suis aussi en négociation avec Sony Télévision sur «Border», adaptation de 3 romans traitant de l’Ouest américain dans les années 50.