Entretien avec Nicolas ABOUT, Membre du CSA

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A ce jour, quel est le périmètre de la TV sociale et son impact sur les chaînes ?
Nicolas ABOUT
A travers l’étude que nous venons de publier, nous avons le sentiment que les chaînes de télévision souhaitent être partie prenante dans cette interaction nouvelle entre le téléspectateur et le contenu qu’il regarde. Le public s’est très rapidement saisi de cet usage et les diffuseurs avaient tout intérêt à reprendre la main sur ce phénomène. Aujourd’hui, l’enjeu de la Social TV est celui de réconcilier «puissance» et «qualité d’écoute», de développer le potentiel de marque d’une chaîne ou d’un programme ou encore de diversifier l’audience tout en la fidélisant.
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La Social TV n’est-elle qu’un énième outil marketing ?
Nicolas ABOUT
Je ne le pense pas. Lorsque l’on regarde l’historique de la Social TV, les dispositifs d’interactivité autour des programmes existent depuis longtemps. Rappelez-vous les premiers appels à SVP (service d’information opérationnelle délivrée principalement par téléphone) jusqu’au développement des blogs au début des années 2000 et des premiers services de vote par SMS. Aujourd’hui, la rapidité du développement de la télévision sociale a été rendue possible par une forte croissance de l’équipement des ménages français en appareils connectés à Internet.
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Les chaînes pourront-elles un jour monétiser l’audience sociale ?
Nicolas ABOUT
Difficile aujourd’hui de monétiser l’audience sociale. Il faut pour cela des outils de mesures d’audiences acceptés par tous les acteurs de l’audiovisuel. Par ailleurs, le retour sur investissements des opérations de télévision sociale n’est pas quantifiable même si elles créent de la notoriété, de l’image et de l’audience «connectée» pour les chaînes. L’exemple le plus marquant est celui des derniers «NRJ Music Awards» (TF1) qui a battu le record de tweets envoyés : 40.000 en 2011, 129.000 en 2012 et 1.4M en 2013.
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Quelles sont les limites et les menaces de la Social TV ?
Nicolas ABOUT
Avec l’émergence de la télévision sociale, les chaînes ne doivent ni perdre la maîtrise de la production de leurs contenus, ni celle de la diffusion sur second écran. Enfin, la puissance de l’audience sociale reste éloignée de l’audimat des écrans traditionnels de télévision. Il n’existe pas de corrélation directe entre les deux.