Entretien avec Nathalie SONNAC, Expert pilote du Lab Economie numérique de la création

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Internet a-t-il engendré une révolution à travers laquelle les technologies ont transformé les façons de consommer et de produire les biens et les services ?

Nathalie SONNAC

Internet bouleverse intrinsèquement les modalités de fonctionnement, de production et de consommation des biens et des services. A tous les niveaux de la chaîne de valeur, le Web a modifié – à sa manière – la production, la diffusion et la consommation de l’information. Dans l’industrie des biens culturels et médiatiques, il est intéressant de voir à quel point l’innovation technologique a permis au numérique d’intégrer tous les genres de contenus, aujourd’hui relayés sur de nouveaux supports digitaux telles que les tablettes numériques ou les téléphones mobiles. Internet est une innovation sociologique et technologique majeure qui a modifié notre façon d’accéder aux biens. Notons également que la toile a bouleversé l’économie en place avec l’arrivée de nouveaux acteurs et de nouveaux modèles qui ont métamorphosé la chaîne de production. D’un point de vue juridique, nous nous interrogeons encore sur les nouvelles propriétés du droit d’auteur avec l’émergence du Web 2.0.

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Vous prêtez attention au phénomène de «désintermédiation» lié à Internet. De quoi s’agit-il exactement ?

Nathalie SONNAC

La désintermédiation est un phénomène qui se traduit par la réduction ou la suppression des intermédiaires dans un circuit de distribution. Le développement d’Internet a par exemple largement favorisé la désintermédiation de la chaîne de valeur. De ce fait, un auteur peut très bien éviter de passer par un éditeur pour être publié puisqu’il lui est possible dorénavant de poster un article ou de publier un ouvrage directement sur un site Internet. De facto, le lecteur accède directement à l’information.

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Dans quelle mesure les pratiques et les usages sur le web ont-ils évolué, tant du point de vue des usagers que du point de vue des créateurs de contenus culturels ?

Nathalie SONNAC

Les pratiques ont formidablement évolué. Vous en avez de nouvelles liées à l’Internet, comme celle de la consommation de vidéos de rattrapage qui conduit à la dé-linéarisation complète du travail des chaînes de télévision. En parallèle, les nouveaux usages du Web entrainent les notions de partage, de circulation de l’information et de production. Le producteur aujourd’hui, c’est aussi le consommateur lambda. Il suffit de regarder le modèle de Rue89 qui ouvre sa plateforme à la fois aux journalistes, aux experts mais aussi aux internautes. Au final, la frontière entre amateurs et professionnels se brouille quelque peu sur la toile.