Emmanuel Hoog, Président Directeur Général de L’Institut National de l’Audiovisuel

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    L’Ina s’est lancé un pari fou dès 1999, transformer ses données analogiques en numériques afin de sauver des millions d’heures de programmes audiovisuels de la disparition. Aujourd’hui, le P.-D.G. de l’Ina, Emmanuel Hoog, assure que les ressources dont il dispose permettront de gagner ce pari. Depuis un an l’Ina a décidé de valoriser ses archives en les mettant en ligne, elle entend désormais continuer à se développer sur Internet en créant des sites thématiques, afin de mettre toujours plus en valeur une offre de plus en plus riche. L’Ina a prouvé sa capacité à valoriser le patrimoine et c’est pour cette raison qu’elle a mis sur pied cette année un établissement d’enseignement supérieure, l’Ina’sup, chargé de transmettre le savoir-faire de l’institut.

    perspectives de la mise en ligne des archives audiovisuelles sur le site de l’Ina.

    Emmanuel Hoog : Pour Ina.fr, nous sommes actuellement entre 700 000 et 800 000 visiteurs par mois, à plus de 1,5 million de pages vues et plus de 30 000 comptes client actifs. L’ouverture du site concernant les présidentielles a relancé depuis un mois la fréquentation du site de manière très significative. Cela représente bien l’axe que l’on veut poursuivre pour notre développement sur Internet, nous voulons construire toute une série de sites thématiques se rattachant à l’actualité autour du site principal. En début de mois prochain, nous allons lancer un site sur les 60 ans du Festival de Cannes en partenariat avec le Festival. On va faire aussi un site sur la Musique et la Chanson. Jusqu’à la fin de l’année nous allons donc non seulement rénover le site principale mais développer des sites thématiques. C’est important de permettre à l’internaute d’accéder aux images qu’il recherche. Les sites thématiques auront leur adresse particulière et pourront être accessibles depuis Ina.fr. La première exigence que l’on a mis en avant dès les premières heures du site, c’est la facilité d’accès, de navigation. Notre offre est en augmentation. A l’occasion de l’ouverture du Salon du Livre, va être accessible l’ensemble des numéros d’«Apostrophe».

    média+ : Vous avez conclu un partenariat avec «Universal musique» afin de pouvoir diffuser des émissions de variétés, pouvez-vous nous en dire plus ?

    Emmanuel Hoog : Cet accord vient appuyer la préparation du site Musique et Chanson. Pour des raisons de droits, il est nécessaire, si l’on veut avoir une offre très significative et ambitieuse, d’avoir des accords avec les éditeurs du phonogramme ou du commerce. C’est un accord entre deux entreprises qui disposent de droits, il permet de lever des blocages pour la diffusion d’artistes qui sont chez Universal. Universal occupe une place tout à fait centrale dans son secteur, cet accord était indispensable. Sur le net les effets de cet accord seront visibles lorsque nous lancerons le site Musique et Chanson.

    média+ : A quel besoin correspond la création de l’Ina’sup qui ouvre cette année ?

    Emmanuel Hoog : Nous voulons conserver le patrimoine face à une situation d’urgence et de péril extrême. Aujourd’hui nous souhaitons en plus développer la valorisation de nos images sur Ina.fr et aussi la valorisation de nos savoirs, ce qui explique la relance de la politique de la formation qui passe notamment par la création de l’Ina’sup. Nous opérons la transformation de l’Ina en établissement d’enseignement supérieur, c’est une grande nouveauté. En proposant deux types de formation au niveau Master, d’une part une filière tournée vers la production et l’édition de contenu numérique audiovisuel et d’autre part la conservation et la gestion du patrimoine audiovisuel et numérique, nous répondons à deux vrais besoins. Les sociétés de production et d’édition dans le domaine de l’audiovisuel et du numérique sont des secteurs où la formation est encore très empirique alors que les anglo-saxons ont développé de très bonnes offres universitaires en la matière. Pour la gestion et la conservation du patrimoine, c’est un secteur clef de l’économie car on s’aperçoit aujourd’hui qu’il y a un basculement de l’analogique au numérique. Face à de grandes masses de contenus numérisés, les manières de naviguer à l’intérieur de ces contenus, de les documenter de les exploiter, de les valoriser, correspondent aujourd’hui à des métiers qui sont en devenir même s’ils ne sont pas encore très bien identifiés. L’Ina a des choses à dire avec son savoir-faire.

    média+ : Où en est votre combat pour sauver les 830 000 heures menacées de disparition définitive ?

    Emmanuel Hoog : Depuis 2005 et la décision du gouvernement, l’Ina a la garantie de pouvoir financer et numériser l’ensemble du patrimoine audiovisuel en péril. L’Ina avec ses efforts a déjà fait 60% de ce travail mais c’est vrai que sans la décision du gouvernement, les 40% restant auraient été en grave danger. Le gouvernement a accédé aux demandes de l’Ina et aujourd’hui, dans le cadre du contrat d’objectifs et de moyens, nous disposons des ressources nécessaires pour sauver tout le patrimoine analogique audiovisuel. Il n’y a pas ou très peu de pays dans le monde qui ont su relever ce défi.