Organisée dans la «Altice Arena» de Lisbonne, L’Eurovision 2018 se tiendra sur 3 jours. Les deux premières demi-finales se dérouleront les mardi 8 et jeudi 10 mai sur France 4, tandis que la finale aura lieu en direct le samedi 12 mai sur France 2. Rencontre avec Edoardo GRASSI, Chef de la Délégation française de l’Eurovision.
média+ : Comment s’articule votre travail au cœur de l’Eurovision ?
Edoardo GRASSI : Il s’agit d’une mission assez vaste qui débute le lendemain de l’Eurovision et qui se pour poursuit durant 1 an. En premier lieu, je m’occupe de la sélection des chanteurs et des chanteuses qui vont nous représenter à l’Eurovision. Cette année, nous avons travaillé avec ITV Studios pour le concours «Destination Eurovision» sur France 2 au côté de Bruno Berberes, directeur de casting. D’autre part, je m’occupe à la fois de la logistique et de l’organisation de la Délégation française sur place, entre les hôtels, les répétitions et tout ce qui concerne les relations avec la production de l’Eurovision. En amont, nous supervisons les équipes artistiques qui travaillent sur la mise en scène. Je travaille également avec le pôle de communication de France 2 pour assurer la promotion en France et à l’étranger. J’accompagne les artistes sur la tournée de promotion à Amsterdam, Londres, Tel Aviv et Madrid. Ces escapades nous permettent à la fois de nous entrainer sur scène, de rencontrer d’autres artistes et de voir ce qu’ils proposent. Enfin, nous accordons des interviews avec de la presse locale pour mieux nous faire connaître.
Quelle relation entretenez-vous avec la production de l’Eurovision ? Des contraintes artistiques vous sont-elles imposées ?
Absolument ! Cette année, nous n’avons pas d’écran géant sur scène. A la place, ils ont construit un mur de lumière versatile pouvant être utilisé de différentes façons. C’est une grosse contrainte pour la mise en scène. Nous sommes dépendants de la façon dont la production de l’Eurovision décide de construire l’espace scénique. Évidemment, il y a aussi les contraintes de durée de la chanson (3 minutes maximum). Il ne peut pas y avoir de voix enregistrées. Enfin, je fais partie d’un comité avec trois collègues. Nous représentons tous les autres chefs des Délégation. Depuis le mois de novembre, nous validons les budgets et les propositions que la chaîne RTP (Radio-télévision du Portugal) nous soumet.
Combien coûte un Eurovision ?
Cette année, l’Eurovision va coûter environ 20M€. Cet argent est mis sur la table par différentes entités. Cela provient à la fois des frais de participation de chaque pays (près de 5M€), de la ville de Lisbonne (5M€), des tickets d’entrée (2M€), sans oublier la participation du Ministère du Tourisme du Portugal, des sponsors et de la RTP.
L’Eurovision se déroule cette année au Portugal. Cela change quelque chose ?
Oui, beaucoup ! Kiev n’était pas une ville très appréciée par le public. En revanche, tout le monde souhaite venir à Lisbonne. On ressent déjà beaucoup de ferveur autour de cet événement. Les demandes d’accréditations ont explosé cette année.
Le lobbying existe-t-il toujours auprès des Chefs de Délégations ?
Bien entendu, moi en premier. Le fait d’inviter des collègues dans l’émission «Destination Eurovision» pour être juge de la chanson représentante en France, cela fait partie du lobbying. Moi-même, j’ai été juré dans trois autres pays. On l’assume publiquement. On essaie de créer des liens. On stimule juste la curiosité de nos voisins.
Et si la France remporte l’Eurovision ?
Si c’est le cas, nous lançons un appel d’offre dans différentes villes de France pour accueillir l’événement. Pour cela, il faut rentrer dans un cahier des charges assez précis, c’est-à-dire avoir une salle couverte qui puisse contenir plus de 10.000 personnes, une ville qui ait un aéroport international ainsi qu’une structure hôtelière importante. Enfin, il faut voir aussi quelle est la ville qui est prête à investir le plus dans le projet.