
Figurant parmi les hommes les plus puissants du cinéma français, le président du CNC, Dominique Boutonnat, est tombé de son piédestal vendredi après avoir été condamné pour agression sexuelle, quittant le poste auquel il était parvenu à être reconduit en 2022 malgré sa mise en examen.
Jusqu’ici, celui qui dirigeait depuis 2019 le Centre national du cinéma et de l’image animée, institution unique au monde, avait réussi à résister à toutes les contradictions, de celle d’un homme accusé d’agression sexuelle à la tête d’une institution chargée d’assainir le 7ème art à celle d’un «loup» de la finance dans la bergerie du cinéma d’auteur.
Malgré la procédure judiciaire, M. Boutonnat, 54 ans, était loin de s’être mis en retrait. En mai, au 77ème Festival de Cannes, la ministre de la Culture, Rachida Dati, louait son action et on pouvait le croiser, au bout de la nuit, dans une soirée select de la Croisette.
Parmi les dossiers les plus chauds gérés par ses services: la prévention des violences sexuelles. Régulièrement, le CNC avait assuré que le dossier judiciaire en cours n’avait aucune incidence sur son action.
Il en voulait pour preuve que, depuis 2020, plus de 5.000 professionnels ont suivi les nouvelles formations de prévention mises en place sur le sujet, devenues obligatoires pour toucher des aides publiques.
Pour autant, Dominique Boutonnat, qui conteste les accusations le visant et a annoncé faire appel de sa condamnation à trois ans de prison dont un an ferme, a décidé de «cesser l’exercice de (ses) fonctions» à compter de ce vendredi, a-t-il annoncé dans un message transmis aux agents du CNC, l’intérim de la présidence étant confié à son directeur général délégué, Olivier Henrard.
Depuis sa mise en examen en février 2021 jusqu’au nouvel élan du mouvement #MeToo en France, la pression n’avait cessé de s’accroître sur le dirigeant. Des partenaires du CNC, comme le collectif 50/50, refusaient de travailler avec lui, préférant évoquer le fond des sujets avec ses bras droits.
Devenue une figure de proue de #MeToo en France, l’actrice Judith Godrèche avait ouvertement relayé les appels à le démettre de ses fonctions, «une question de symbole», malgré la présomption d’innocence.
Mais tout avait glissé sur le patron du CNC, contesté depuis sa nomination en 2019: son profil de producteur et donateur (7.500 euros) de la première heure de la campagne d’Emmanuel Macron tranchait avec celui des hauts fonctionnaires l’ayant précédé.
C’est «la première fois qu’un professionnel du cinéma est choisi pour diriger le CNC», faisait alors valoir l’Elysée.