Le parquet de Nanterre a requis vendredi trois ans de prison avec sursis contre le président du Centre national du cinéma (CNC) Dominique Boutonnat pour avoir agressé sexuellement son filleul, une affaire pour laquelle plusieurs associations ont demandé son retrait de ses fonctions.
«On est allé très près de quelque chose qui aurait été criminel», a estimé le procureur dans ses réquisitions.
La décision du tribunal a été mis en délibéré au 28 juin.
Le patron du très puissant CNC, devenu pour certains symbole d’impunité des violences sexuelles dans le milieu du 7ème art, est accusé par son filleul, 19 ans au moment des faits, de l’avoir embrassé de force et agressé sexuellement lors d’un séjour en Grèce en août 2020.
Devant le tribunal, le jeune homme décrit M. Boutonnat, 54 ans, avec qui il n’a pas de lien de parenté, comme «plus qu’un parrain», venant trois à quatre fois par semaine au domicile de ses parents.
Selon lui, lors d’un séjour dans la maison de campagne de son parrain en Grèce, ce dernier aurait tenté de le masturber après qu’ils s’étaient baignés nus dans une piscine et le jeune homme l’aurait ensuite masturbé pour qu’il arrête de le toucher.
«Je le regarde pour retrouver un peu mon parrain et c’est là que je vois quelqu’un de tout à fait différent dans ses yeux, (…) c’est quelqu’un en train de m’utiliser pour se masturber», a-t-il expliqué. «C’est comparable à une scène d’inceste», a insisté son avocate Caroline Toby.
En costume et chemise noire, col déboutonné, le président du CNC a nié toute agression sexuelle.
Il reconnaît avoir pris en photo le jeune homme nu à la sortie de la piscine mais alors qu’il visait le paysage; des baisers, mais consentis et initiés par son filleul. Et il avoue avoir «merdé» par la suite.
Le lendemain, selon lui, il embrasse brièvement le jeune homme sur la bouche alors que ce dernier sortait de la salle de bain, pour soi-disant dédramatiser la situation.
Pour lui, ce comportement n’avait rien de sexuel car il dit n’avoir aucune attirance pour son filleul, ni pour les hommes en général.