Les prétendants à la direction du «Monde» ont jusqu’à mercredi pour se déclarer, un nouvel acte de la saga mouvementée qui a vu le rejet le mois dernier du candidat des actionnaires, Jérôme Fenoglio, par la rédaction.Lundi, l’hypothèse la plus plausible était une candidature du même Jérôme Fenoglio, qui avait été sollicitée par les actionnaires la dernière fois mais n’était pas alors formellement candidat. En dehors de lui, aucun autre postulant ne s’est fait connaître pour l’heure, ni en interne, ni en externe. Selon plusieurs sources au sein du journal, Jérôme Fenoglio, actuel directeur des rédactions du quotidien de référence, était toujours dans une «phase de réflexion» et continuait de consulter au sein de la rédaction. Il n’avait obtenu que 55% de oui de la part de la rédaction lors du vote du 13 mai, alors que 60% étaient requis.
Une fois les candidats connus, le trio de propriétaires (Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse) devra à nouveau proposer un candidat aux salariés le 15 juin, après leur audition. Un vote sera organisé mardi 30 juin, selon les mêmes modalités que lors du scrutin du 13 mai. Jérôme Fenoglio, qui pourrait se déclarer seulement mercredi, avait fait les frais le mois dernier d’un processus de sélection jugé «tronqué» par une partie de la rédaction, ce qui s’était traduit par un vote de protestation dans les urnes. Avant de procéder au vote, les journalistes avaient d’ailleurs adopté à l’unanimité un texte pour «marquer (leur) désapprobation sur la manière dont les actionnaires se sont comportés». Mi-avril, les trois actionnaires avaient créé la surprise en proposant aux salariés de confier la direction du quotidien au n°2 du journal du soir, qui n’était pas candidat. Ils avaient de cette façon écarté les trois candidatures déclarées – celles de Gilles van Kote, directeur par intérim, de Christophe Ayad, chef du service international et de Jean Birnbaum, responsable du «Monde des Livres». Outre les modalités du processus de nomination, le projet de Jérôme Fenoglio (48 ans) avait été jugé trop numérique par certains. La candidature de ce «pur produit» du journal, où il a fait toute sa carrière, «a visiblement pâti de l’attitude des actionnaires qui ont prolongé l’intérim au-delà du raisonnable et contourné la procédure qu’ils avaient eux-mêmes mise en oeuvre», avait alors indiqué la Société des rédacteurs du «Monde» (SRM). Ce rejet du candidat des actionnaires avait ravivé le malaise sur la gouvernance du journal, après la crise née de la démission en mai 2014 de Natalie Nougayrède, un an après sa prise de fonction et au terme de plusieurs mois de conflit avec la rédaction. Le lendemain du vote, Gilles van Kote, directeur par intérim, avait annoncé sa démission. Le journal n’a, depuis, plus de directeur. Les actionnaires avaient alors invité la Société des rédacteurs du «Monde» à «considérer à nouveau les qualités de Jérôme Fenoglio, de son équipe et de son projet éditorial». En réponse, Jérôme Fenoglio avait fait savoir dans un courriel qu’il ne «serait pas le candidat et encore moins le directeur issu d’un coup de force des actionnaires», sans préciser cependant s’il envisageait de se présenter dans le cadre d’un nouvel appel à candidatures.