Des directeurs de casting ont plaidé jeudi devant des députés pour que la loi interdise toute nudité lors des essais pour recruter des acteurs de cinéma, afin de prévenir les violences sexuelles.
Cette proposition est incluse dans un document de travail de l’organisation qui représente la profession, l’Association des responsables de distribution artistique (ARDA). Il a été remis aux députés mais pas diffusé publiquement. Cette interdiction, bientôt incluse dans la charte de conduite de la profession, a été évoquée lors d’une audition jeudi de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences dans le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité. «Aucune nudité ou semi-nudité ne doit être permise, en aucun cas, à aucune étape du casting», lit-on dans ce document, qui reprend une proposition du Collectif 50/50, qui milite pour l’égalité et la parité dans le cinéma et l’audiovisuel.
De même qu’»aucune simulation d’acte sexuel» ne doit être permise, ni «aucune photo dénudée» communiquée avant, pendant ou après un casting. «Est-ce que vous pensez qu’on pourrait l’interdire ou l’écrire dans la loi d’une façon ou d’une autre?», a demandé le député Erwan Balanant, président de la commission d’enquête. «Absolument», a répondu Julie David, une membre de l’ARDA. «C’est même essentiel», a repris Julie Gandossi, autre directrice de casting. Selon l’ARDA, «plus de 120» directeurs de casting sont actifs en France, dont 87 adhèrent à cette association créée en 2001.
La même commission d’enquête a entendu le même jour cinq «coordinatrices d’intimité», nouvelle profession du cinéma née aux États-Unis pour encadrer les scènes à caractère sexuel. Elles ont plaidé pour faire davantage de place à leur métier. «Notre métier n’existe pas dans la convention collective.
Quant on est appelée, c’est souvent par la production et on a un statut de conseiller technique à la mise en scène», a indiqué l’une d’elles, Najoua Ferréol. Alors que la plupart se sont formées via des organismes de pays anglophones, Paloma Garcia Martens a réclamé «une formation française francophone» ou «une forme de certification qui prenne en compte les acquis et les compétences», ainsi qu’une «règlementation poussant les producteurs à les engager».
Le coprésident de l’ARDA, Laurent Couraud, a en revanche estimé que la présence de coordinateurs d’intimité était inutile lors des castings. «Il n’y a aucune scène d’intimité à faire pendant un casting. Pour le coup, ce n’est pas nécessaire», a-t-il avancé.