Loin de Mulholland Drive et de Los Angeles, David Lynch était, au-delà des films, un artiste multicartes, dessinateur, sculpteur, photographe et musicien, ayant noué un lien particulier avec la France, où il avait même conçu un night-club privé singulier à Paris.
Géant du cinéma américain, auteur de la série culte «Twin Peaks», Lynch, décédé à l’âge de 78 ans, était très apprécié en Europe, et singulièrement en France, où il a reçu la Palme d’Or au Festival de Cannes en 1990 pour «Sailor et Lula», puis le Prix de la mise en scène en 2001 pour «Mulholland Drive».
Il en «a présidé avec élégance le jury en 2002», ont rappelé vendredi le festival et son délégué général, Thierry Frémaux, saluant «un artiste unique et visionnaire dont l’oeuvre aura influencé le cinéma comme peu d’autres auparavant». «David Lynch était admiré dans le monde entier et singulièrement par le public français qui saluait en lui un artiste audacieux qui ne donnait aucune limite à sa créativité», lui a rendu hommage la ministre de la Culture Rachida Dati.
Les cinéphiles français lui sont fidèles: plus de 2 millions de spectateurs pour «Elephant Man» et «Dune», près d’un million pour «Sailor et Lula».
Il est l’un des rares, avec Woody Allen, à avoir reçu deux fois le César du meilleur film étranger.
Surtout, c’est grâce à des producteurs français que cet artiste inclassable tournera certains de ses films, dont «Lost Highway» et «Twin Peaks : Fire Walk with Me» à partir des années 1990, en se rapprochant notamment de Francis Bouygues et Alain Sarde. Son histoire d’amour avec la France dépasse très largement le 7ème art.
Elle passe par la mode, de ses collaborations avec Agnès B. à un moyen-métrage tourné pour Dior, où il met en scène Marion Cotillard. «Je te souhaite un magnifique voyage David», a réagi la plus hollywoodienne des actrices françaises.
A l’origine, c’est la Fondation Cartier pour l’art contemporain qui a mis en avant les talents d’artiste plasticien de Lynch, a raconté Grazia Quaroni, directrice de sa collection qui compte environ 4.500 oeuvres de quelque 500 artistes internationaux, dont une grande partie des dessins du réalisateur.
«Un patrimoine révélateur de son bouillonnement créatif continu», a-t-elle ajouté, très émue.
C’est l’ancien directeur général de la fondation, Hervé Chandès, qui «a découvert son atelier à Los Angeles et révélé au monde toutes les facettes d’expression de David Lynch, cinéaste mais aussi peintre, dessinateur, sculpteur, scénographe, photographe, musicien, d’une immense générosité et d’une attention rare aux autres, quels qu’ils soient», a-t-elle détaillé.