Avec plus de 300 heures de retransmissions sportives dans plus de 10 disciplines différentes sur France 2, France 3, France 4, France Ô et les 1ères au cours des cinq mois qui viennent, sans oublier une offre numérique sur les sites et applications de francetvsport, c’est tout le bouquet de France Télévisions qui se mobilise dans le sport. Une stratégie analysée par Daniel BILALIAN, Directeur général adjoint en charge des Sports à France Télévisions.
MEDIA +
Plus de 10 disciplines sportives seront retransmises en direct sur France Télévisions cet été. Le sport est un enjeu d’audience déterminant…
DANIEL BILALIAN
Le sport est un enjeu d’audience mais c’est aussi – de manière plus prosaïque – un enjeu de chiffre d’affaires commercial. La publicité générée par les retransmissions sportives est extrêmement importante. De Roland-Garros aux Jeux équestres mondiaux en passant notamment par les 24 Heures du Mans, le Tour de France, la Coupe du monde de rugby féminine et les Championnats d’Europe d’athlétisme et de natation, les téléspectateurs auront un choix diversifié cet été.
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Vous n’aurez pas de «Coupe du Monde de Football». Est-ce un problème ?
DANIEL BILALIAN
Il y a deux réponses à cela. Premièrement, nous avons réfléchi à l’achat éventuel d’un certain nombre de matchs. Mais cette «Coupe du Monde de Football» n’est pas une bonne affaire commerciale pour une entreprise comme la nôtre qui n’a plus de publicité après 20 heures. L’essentiel des matchs du Mondial est diffusé après 20 heures. Deuxièmement, cette compétition footballistique se déroulera en partie pendant le «Tour de France» cycliste que nous diffusons du 5 au 27 juillet.
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La «Coupe du Monde» peut-elle faire de l’ombre au «Tour de France» ?
DANIEL BILALIAN
Non, parce que le «Tour de France» a des horaires de jour et la «Coupe du Monde» des horaires de nuit.
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Revendiquez-vous encore la notion de «spectacle sportif» ?
DANIEL BILALIAN
Le spectacle sportif est une des particularités de notre groupe. Contrairement aux chaînes thématiques sportives regardées majoritairement par des passionnés, nous avons un autre public. Nous devons donc les intéresser autrement. C’est pourquoi, nous traitons le sport en nous invitant sur les lieux et en faisant un travail éditorial plus important. Cette année, le «Tour de France» correspondra au Tour du Centenaire de la Première Guerre Mondiale. Cette compétition a eu lieu en 1914 entre l’attentat de Sarajevo fin juin, et le début de la guerre début août. Nous allons donc, à travers les étapes du «Tour de France», parcourir ce mois qui a vu s’amorcer puis se déclencher le 1er conflit mondial.
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Selon Rémy Pflimlin, «France Télévisions est le plus grand terrain de sport gratuit». Craignez-vous le payant ?
DANIEL BILALIAN
Vous avez d’un côté une propension de plus en plus grande d’événements sportifs diffusés par des chaînes thématiques. beIN SPORTS est un acteur qui a renforcé cette thématisation du sport. D’autre part, le groupe France Télévisions a réussi à conserver jusque dans les années 2020, le catalogue de ses principaux événements : le Tour de France, Roland Garros, les VI Nations,… Après, dans un avenir que j’ignore, peut-être que nous n’aurons plus les moyens financiers nécessaires. Mais les chaînes généralistes comme les nôtres investissent encore sur des événements de sports tandis que les chaînes payantes privilégient le sport au quotidien.
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Qu’en est-il de la réprésentation du sport féminin sur vos antennes?
DANIEL BILALIAN
Nous avons – par exemple – fait des efforts dans le domaine de la mise en valeur du sport féminin mais il faut y aller progressivement. Il faut admettre que certains sports font moins d’audience que d’autres.
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Comment analysez-vous la situation entre diffuseurs et détenteurs de droits ?
DANIEL BILALIAN
Les vendeurs hésitent à céder leurs droits aux chaînes thématiques. Ces dernières ont une audience relativement réduite mais des moyens financiers sans commune mesure avec les diffuseurs historiques qui eux peuvent rassembler beaucoup de téléspectateurs. Aujourd’hui, les vendeurs se posent une seule question: ai-je encore besoin des chaînes gratuites ?
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Qu’en est-il du multi-caméras que vous mettez en place sur le Web ?
DANIEL BILALIAN
Le second écran est indispensable. Ce n’est pas une forme de snobisme que de dire que nous sommes à la pointe de la technologie. Le multi-caméras est une vrai sophistication. Vous ne pouvez plus prétendre à une retransmission télévisée classique sans y ajouter des ingrédients statistiques. Si vous n’êtes pas performant sur ce 2ème réseau, vous allez droit dans le décor.