Corée du Sud: les salariés de Samsung entament une grève générale

182

Les salariés du géant sud-coréen de la technologie Samsung ont entamé lundi une grève générale inédite de 3 jours, a indiqué un dirigeant syndical après l’échec de négociations salariales. Samsung Electronics est l’un des plus grands fabricants mondiaux de smartphones et un des rares producteurs de cartes mémoire à forte valeur ajoutée utilisées pour l’IA. «La grève a débuté aujourd’hui», a déclaré Son Woo-mok, responsable du syndicat national de Samsung Electronics représentant plusieurs dizaines de milliers de membres. Des milliers de travailleurs se sont rassemblés devant la fonderie et l’usine de semi-conducteurs de l’entreprise à Hwaseong, dans la province de Gyeonggi, au sud de Séoul. «La grève générale d’aujourd’hui n’est qu’un début», a lancé Son Woo-mok. «Nous vous demandons de ne pas vous rendre au travail avant le 10 juillet et de ne pas recevoir d’appels professionnels». Selon le syndicat, quelque 5.200 personnes travaillant dans l’usine, à la fabrication et au développement, ont rallié le mouvement de protestation. «Est-ce que la direction pense toujours que cela ne va pas affecter la chaîne de production?», demande Lee Hyun-kuk, vice-président du syndicat. «Nous sommes en train d’écrire l’histoire», confie un membre du syndicat et manifestant sans donner son nom. Le syndicat, qui compte quelque 30.000 membres, soit plus d’un cinquième de l’effectif total de l’entreprise, avait annoncé une grève de 3 jours la semaine dernière, indiquant qu’il s’agissait d’un dernier recours après l’échec des négociations. Ce mouvement fait suite à un débrayage d’une journée en juin, la 1ère action de ce type au sein de l’entreprise qui n’a pas connu de syndicalisation pendant des décennies. La direction de l’entreprise, 1er producteur mondial de puces mémoire, mène des négociations salariales avec le syndicat depuis janvier mais les 2 parties ne sont pas parvenues à un accord. «Nous sommes maintenant à la croisée des chemins», a déclaré le syndicat dans un appel aux salariés la semaine dernière, les exhortant à soutenir une grève «critique». «Cette grève est la dernière carte que nous pouvons utiliser», a déclaré le syndicat. Les salariés ont rejeté une offre d’augmentation de salaire de 5,1%, alors que le syndicat réclame aussi une amélioration des congés annuels et une transparence des primes basées sur les performances. «Même si la grève en cours n’est prévue que pour 3 jours, les salariés participants incluent ceux qui travaillent sur les lignes d’assemblage des puces», a indiqué Kim Dae-jong, professeur de commerce à l’université de Sejong. «Vu que le syndicat pourrait étendre la grève si le blocage se poursuit, cela pourrait représenter un risque important pour la direction de Samsung» dans sa course sur le marché concurrentiel des puces, a-t-il estimé. Pendant près de 50 ans, la société a empêché la syndicalisation de ses employés avec parfois des méthodes violentes, selon ses détracteurs. Le fondateur de l’entreprise, Lee Byung-chul, décédé en 1987, était catégoriquement opposé aux syndicats. Le 1er syndicat de Samsung Electronics a été constitué à la fin des années 2010. Samsung Electronics est la filiale phare de Samsung Group, le plus important des conglomérats familiaux qui dominent la 4ème économie d’Asie. Samsung Electronics a annoncé la semaine dernière s’attendre à un bénéfice d’exploitation multiplié par 15 au 2T sur un an grâce à un rebond des prix des puces et à une hausse de la demande pour ses produits utilisés pour l’IA. Les semi-conducteurs sont aujourd’hui au coeur de l’économie mondiale. Ils sont utilisés dans tous les domaines, des appareils électroménagers aux téléphones portables, en passant par les voitures et les armes. Ces puces sont le principal produit d’exportation de la Corée du Sud et ont rapporté au pays 11,7 milliards de dollars en mars, leur niveau le plus élevé depuis près de deux ans. Cela représente un cinquième des exportations totales du pays.