Commission européenne : «Interrogations» autour d’une campagne sur le numérique

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La commissaire européenne Ylva Johansson a reconnu mercredi qu’il y avait des «interrogations» sur la conformité d’une campagne lancée par ses services pour promouvoir l’un de ses projets de loi avec la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA). «Je prends cela très, très au sérieux. Cela doit être clarifié (…) C’est en train de faire l’objet d’un examen», a déclaré la responsable suédoise devant la commission aux Affaires intérieures du Parlement européen. Les services de Mme Johansson ont lancé sur X (anciennement Twitter) une campagne pour promouvoir une proposition de législation permettant d’obliger les plateformes et services de messagerie à détecter les images à caractère pédophile et les sollicitations d’enfants par des pédocriminels. Ce projet de loi suscite des résistances de la part de certains Etats membres mais aussi de parlementaires, qui s’inquiètent de le voir déboucher sur une surveillance généralisée des communications privées. La campagne publicitaire a été accusée, dans un article paru le 13 octobre dans le journal néerlandais De Volkskrant, d’avoir recours à des techniques de microciblage en se basant sur les opinions politiques et religieuses des personnes visées, en violation des règles européennes. La commissaire suédoise avait, dans un message publié sur X en réaction à l’article, assuré que ses services avaient agi «à 100%» en conformité «avec les directives et avec la loi». Mais devant la commission parlementaire, la responsable est revenue sur ces affirmations. «Lorsque j’ai fait ce tweet, c’était d’après les informations dont je disposais. Mais je dois être très ouverte. J’ai eu ensuite d’autres informations selon lesquelles il pourrait y avoir des points d’interrogation sur le respect du DSA», a-t-elle déclaré. La commissaire suédoise avait été invitée à venir s’expliquer devant les parlementaires après un autre article, paru dans plusieurs journaux européens, pointant du doigt les liens étroits entre ses services et des organisations de protection de l’enfance impliquées dans le projet de loi. Le règlement de l’Union européenne sur les services numériques («Digital Services Act», DSA), destiné à lutter contre les contenus illégaux et les pratiques opaques, s’applique depuis la fin août à 19 très grandes plateformes en ligne.