Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a présenté, jeudi 27 juin, à son conseil d’administration, la réforme du classement art et essai, après une large concertation avec les organisations professionnelles, notamment des secteurs de l’exploitation et de la distribution. Cette réforme du classement art et essai, qui fait suite aux conclusions du rapport de Bruno Lasserre remis en avril 2023, propose plusieurs évolutions importantes afin de mieux accompagner la prise de risque éditoriale des exploitants, redonner une place centrale à la commission du cinéma d’art et essai et moderniser les critères d’examen des demandes de classement. La réforme sera accompagnée d’une augmentation sensible du budget consacré à l’art et essai, de 1 M€, pour atteindre 19 M€. Cette réforme permettra de mieux récompenser les exploitants qui font le choix de laisser leur chance à des films moins diffusés, sans toutefois revenir sur l’objectif d’une large diffusion des films art et essai auprès de tous les publics et sur tout le territoire. L’un des constats du rapport Lasserre était que le classement art et essai actuel est insuffisamment sélectif puisque tous les films classés art et essai sont comptabilisés de façon égale dans le calcul des aides alors que la prise de risque n’est pas la même pour l’exploitant en fonction des films projetés. C’est pourquoi, dans le calcul des subventions individuelles des cinémas classés : les séances consacrées aux films art et essai ayant eu un large succès (comptabilisant plus de 750.000 entrées depuis leur sortie nationale) compteront désormais pour moitié ; tandis que les séances consacrées aux films les plus fragiles (c’est-à-dire les films sortis dans moins de 80 cinémas lors de leur sortie nationale et labellisés Recherche et découverte) compteront double. Par ailleurs, la réforme souhaite redonner une place centrale à la commission du cinéma d’art et d’essai en modifiant les règles de calcul du montant de l’aide et en renforçant la part sélective. Actuellement, environ 80% du montant de chaque subvention est déterminé de manière automatique par la prise en compte de la part des séances consacrées à des films art et essai sur le total des séances de l’établissement. Il est proposé de réduire la part de calcul de l’aide automatique et d’augmenter la part de sélectivité de l’aide. Ainsi, la commission attribuera une note globale (entre 0 et 20) à chaque cinéma au regard de 17 critères identifiés : une note de 0/20 privera le cinéma de subvention, une note de 20/20 doublera le montant issu du calcul automatique. Aux onze critères déjà existants (la diversité et le nombre des œuvres recommandées art et essai proposées ; la démographie et la sociologie de la population locale ; les actions mises en place à destination du public scolaire ; la politique d’animation et d’accompagnement des œuvres art et essai mise en place dans l’établissement, la politique de diffusion des courts métrages…), six nouveaux viennent s’ajouter qui reflètent de nouvelles priorités : les résultats atteints par l’établissement en termes de fréquentation des films art et essai ; les actions mises en place à destination du public empêché et du public des jeunes (15-25 ans) ; la politique de diffusion des documentaires ; l’animation d’un ciné-club ; la mise en valeur de la programmation art et essai à travers une politique de communication appropriée, notamment au moyen des nouveaux modes de communication digitaux. Autre évolution importante, la création de deux nouveaux labels, «15-25 ans» et «court métrage», qui rejoignent les trois déjà existants: «jeune public», «recherche et découverte» et patrimoine et répertoire». Cette réforme du classement art et essai sera déployée sur deux ans : pour le classement 2025, seront appliquées l’ensemble des mesures sauf celle concernant la pondération des séances au regard du succès des films, et la totalité des mesures seront appliquées pour l’attribution du classement 2026.