Le festival de cinéma de Venise, qui débutait mercredi soir, entretient «une saine concurrence» avec son homologue cannois, a assuré le patron de la Mostra, Alberto Barbera, se réjouissant de la présence de stars «jamais si nombreuses». A 74 ans, le directeur artistique depuis 2012 du plus ancien festival de films au monde, reconduit pour 2 ans en mai, peut s’enorgueillir d’en avoir fait une rampe de lancement pour Hollywood, dont les stars défilent chaque année sur le Lido, et un tremplin pour les Oscars, de «La la land» à «Roma» en passant par «A Star is Born». La présence des vedettes assure cette année une visibilité maximale à son festival, qui a souffert l’an dernier de leur absence en raison de la longue grève des scénaristes à Hollywood. D’ici le palmarès du 7 septembre, les flashes crépiteront, que ce soit pour Lady Gaga dans la suite de «Joker» ou Angelina Jolie dans la peau de Maria Callas. La venue du duo George Clooney – Brad Pitt fera aussi la joie des photographes. «Cela fait peut-être plus de 20 ans qu’il n’y avait pas autant de stars présentes venant de nombreux pays», se réjouit le «direttore». Pour lui, leur venue n’est pas une fin en soi, il y voit plutôt «un instrument pour augmenter et décupler l’attention sur les films, le désir de cinéma, ce qui est l’une des raisons d’être des festivals». 21 films sont en compétition pour le prestigieux Lion d’or, pour la plupart en provenance d’Europe ou des Etats-Unis, dont 3 français. «Très peu de films du Sud-Est asiatique, très peu du continent africain, peu d’Amérique du Sud» ont été soumis, relève M. Barbera. «Ce sont des pays qui ont davantage souffert des effets de la pandémie de Covid et qui reviennent lentement à des rythmes normaux de production», explique-t-il, soulignant néanmoins la présence de «60 pays» dans les différentes sélections. Le doyen des festivals n’échappera pas au fracas des conflits en cours, que ce soit en Ukraine ou à Gaza. «Je crois que les documentaires de cette année en particulier sont d’une telle force expressive, artistique et politique qu’ils ne manqueront pas d’attirer la curiosité et l’attention du public», promet Alberto Barbera, citant 2 réalisations sur le conflit russo-ukrainien «qui montrent la guerre de deux points de vue opposés». «J’espère qu’ils seront perçus comme une contribution à la discussion et à la connaissance, et qu’ils ne seront pas otages de préjugés idéologiques et de revendications polémiques qui sont inutiles». Alors que les grands festivals se livrent une guerre feutrée pour attirer les films, le directeur artistique parle d’un échiquier toujours dominé par la Croisette. «Cannes reste évidemment le plus grand festival du monde, avec le marché le plus important où convergent des dizaines de milliers de professionnels», reconnaît-il. «Nous, nous parions davantage sur la qualité des films peu nombreux que nous sélectionnons, afin de garantir un service de promotion à tous, que ce soit de grosses productions des studios d’Hollywood ou de petits films venant du monde entier».