Christophe NOBILEAU et Laurence BACHMAN, Président et DGA en charge des nouvelles écritures de Telfrance

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Comment le groupe Telfrance élabore-t-il sa stratégie autour de la fiction française ?
Christophe NOBILEAU
Depuis toujours, la fiction est un axe significatif du groupe Telfrance. Cette activité représente près des 2/3 de nos productions. Nous revendiquons un positionnement régi par la production industrielle de séries en vue de créer des marques. La fiction unitaire n’est pas en mesure d’installer des rendez-vous. Dans l’imaginaire collectif, création et industrialisation ne font pas bon ménage. Or, il n’y a aucune raison pour que la production audiovisuelle française ne devienne pas un secteur majeur dans le monde, au travers de la fiction. Notre objectif est de parvenir à installer des séries dans la durée.
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Les chaînes sont-elles en demande de séries industriellement produites ?
Laurence BACHMAN
La production audiovisuelle est une industrie de l’offre. Les chaînes attendent une force de proposition qui puisse les étonner. C’est comme ça que nous pourrons faire de cette industrie un secteur compétitif. Un groupe comme Telfrance s’est toujours positionné sur la fiction de Prime, sur la série quotidienne avec «Plus Belle la Vie», sur la scripted-réalité, sur les web-fictions, ou encore sur les formats-courts.
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La fiction française peut-elle se faire une place à l’étranger ?
Christophe NOBILEAU
Evidemment ! Nous vendons des formats de fictions. Les droits de la série «La Source» ont été achetés aux Etats-Unis, et ceux de la scripted «Par amour» ont été acquis en Belgique flamande. Des options ont été vendues en Espagne sur «Plus Belle la Vie», et aux Etats-Unis pour la série «Les Secrets du Volcan». La «french touch» peut fonctionner à l’étranger.
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De quelle façon Telfrance développe-t-il les nouvelles écritures ?
Laurence BACHMAN
Compte tenu de notre position sur le marché, nous sommes prêts à expérimenter toutes sortes de formats. Depuis 2009, nous avons produit des programmes courts pour TF6 et serieclub avec «Ça vous est déjà arrivé?» (Prod 360), «Les semaines de Lucide» (Barjac) et «Manège» (Barjac). En 2012, nous avons produit la web-fiction «Les Opérateurs» (Barjac/Taronja Prod) avec France 4. Plus généralement, nous avons intégré de jeunes producteurs dans le groupe à l’instar d’Erwan Marinopoulos («Les Geeks», «Roxane, la vie sexuelle de ma pote»), Anne Santa Maria qui anime le réseau de jeunes talents Telfrance Network, ou encore Benjamin Faivre qui prépare «Anarchy» pour le nouveau France 4.
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La coproduction internationale, une piste évidente pour convaincre les diffuseurs ?
Christophe NOBILEAU
Je ne suis pas sûr que la coproduction internationale soit un modèle qui rassure le diffuseur. Néanmoins, nous souhaitons aller vers la coproduction internationale en évitant un certain nombre d’écueils. Nous partons d’une donnée factuelle : il va y avoir de moins en moins d’argent chez le diffuseur pour faire de la fiction. Du coup, à nous de trouver les moyens de la financer.
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Avez-vous des projets de fictions en cours ?
Laurence BACHMAN
Nous poursuivons la production de nos marques existantes : «Candice Renoir», «La smala s’en mêle», «Le sang de la vigne». Cela dit, nous aurons quelques unitaires cette année. Nous livrons actuellement pour France 3 «La malédiction de Julia» (Abrafilms/Barjac Production) avec Corinne Touzet. Mima Productions prépare pour France 2 «Vogue la vie», une fiction sur des femmes décidées à vaincre le cancer du sein. Côté série, Barjac Productions prépare une série de 8X52’ pour France 2 dont l’héroïne est une stagiaire infirmière.
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Quelle est votre ligne stratégique pour l’avenir ?
Christophe NOBILEAU
A défaut de racheter des sociétés de productions établies, nous préférons investir sur des talents. Nous sommes en permanence à l’affut de nouveaux auteurs pour renforcer notre savoir-faire, et nos propositions. D’ailleurs, l’intensité de l’offre de fiction au niveau mondial va reconcentrer le marché de la production sur des structures fortes aux talents diversifiés, capables de produire différents formats.