Le film d’animation chinois «Ne Zha 2», superproduction inspirée d’une légende traditionnelle, vient de pulvériser plusieurs records au box-office, pour devenir le plus gros succès d’une oeuvre cinématographique en Chine. Ce récit d’une jeune divinité rebelle, qui combat des dragons et des personnages maléfiques, est devenu le 1er film au monde à dépasser le milliard de dollars de recettes sur un seul marché. Il dépasse ainsi «Star Wars, épisode VII: Le Réveil de la Force», qui avait rapporté 936 millions de dollars aux Etats-Unis en 2015. Sorti le 29 janvier pour coïncider avec les vacances du Nouvel An lunaire, période où beaucoup de Chinois se rendent au cinéma en famille, le film donne ainsi un coup de fouet à l’industrie cinématographique nationale. Car en 2024, les recettes au box-office avaient chuté de 23% par rapport à l’année précédente. «Ne Zha 2» s’appuie sur la demande croissante du public pour une production inspirée de la culture traditionnelle, de qualité et qui fait appel aux dernières technologies. Une source de fierté pour les spectateurs. «Ne Zha est profondément ancré dans la culture chinoise», déclare Gao Zhen, 36 ans. «On s’identifie bien aux personnages et aux références culturelles», explique-t-il. Les spectateurs soulignent également la qualité des effets spéciaux. La preuve selon eux que les productions chinoises peuvent faire aussi bien, voire parfois mieux, que celles de Hollywood. «Les films étrangers ont parfois des effets visuels vraiment exceptionnels. Mais le cinéma chinois maîtrise désormais également ces techniques», estime M. Gao. «J’avais l’habitude de préférer les films d’animation occidentaux, comme ceux de Disney ou Pixar. Mais aujourd’hui, l’animation chinoise est devenue de meilleure qualité et je préfère les productions nationales», déclare Qu Peihong, une femme de 26 ans. En 9 jours seulement, «Ne Zha 2» a battu les records nationaux du box-office, passant devant l’épopée de science-fiction «The Wandering Earth» (2019) et le film de guerre patriotique «La Bataille du lac Changjin» (2021). Après une année 2024 marquée par une quasi-pénurie de films à succès, «Ne Zha 2» a «renforcé la confiance des gens dans l’industrie» cinématographique nationale, estime Qu Peihong. Selon la presse chinoise, le réalisateur Jiao Zi (de son vrai nom Yang Yu) a déclaré avoir d’abord essayé de travailler avec des partenaires internationaux, mais les résultats de sa recherche n’étaient pas à la hauteur de ses attentes. Il aurait donc finalement préféré faire appel à une équipe entièrement chinoise. Des spectateurs disent avoir vu dans certaines scènes du film des références géopolitiques cachées, comme par exemple le palais du méchant, qui leur rappelle le Pentagone ou la Maison Blanche. L’équipe du film n’a pas commenté ces rumeurs. «Ce film a largement dépassé mes attentes. En sortant, j’ai aussi ressenti un sentiment de fierté en tant que Chinois», déclare une jeune femme de 22 ans, la Chine n’étant pas forcément habituée à produire des productions d’une telle qualité visuelle et narrative. Le succès du film prouve que «l’animation chinoise est devenue un acteur majeur du secteur et peut rivaliser avec Disney et les dessins animés japonais sur le marché chinois», déclare Ying Zhu, une spécialiste du cinéma chinois. Le film a «transformé une histoire traditionnelle en un conte moderne sur l’individualité, ce qui touche une corde sensible chez les spectateurs», indique-t-elle. Mais «Ne Zha 2», basé sur une légende peu connue en dehors de la Chine, arrivera-t-il à trouver son public sur les marchés occidentaux? «Je ne pense pas que (les spectateurs étrangers) auront une compréhension de l’histoire aussi poussée que nous, forcément. Mais j’espère que ce film les aidera à comprendre la culture chinoise», déclare Qu Peihong.