CES : la technologie au service de l’environnement gagne du terrain

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Au grand salon de l’électronique CES à Las Vegas, il est rare de voir un entrepreneur brandir une plante pour la présenter comme la dernière avancée technologique grand public. C’est pourtant ainsi que Patrick Torbey, un des 2 fondateurs de la start-up NeoPlants, a salué quelques-uns des dizaines de milliers de participants venus à ce salon qui se tient chaque année après le nouvel an. «Nous sommes ici pour faire passer le message suivant au CES: il ne s’agit pas seulement de technologie des machines et d’électronique. Il s’agit aussi de technologies naturelles que nous pouvons exploiter en utilisant des techniques d’ingénierie», a expliqué M. Torbey. NeoPlants, basée à Paris, présentait son innovation: une plante biotechnologique capable de capter les polluants toxiques provenant de l’environnement intérieur. La technologie au service de l’environnement n’a cessé de gagner du terrain au CES. Certains observateurs doutent cependant du véritable engagement de l’industrie de la technologie grand public en faveur de la protection de l’environnement, plus attirée par les téléviseurs intelligents et les robots que par des projets plus complexes et moins rentables destinés à sauver la planète. «Jusqu’à ce que cela ait vraiment de l’importance pour les consommateurs, ce sera juste une sorte de tendance qui se trouve ici marginalisée», reconnait Ben Arnold, analyste de l’électronique grand public pour le cabinet de recherche NPD. «En tant que personne qui étudie le marché, je ne vois pas encore où la technologie respectueuse de l’environnement fait la différence en termes d’unités et de dollars», a-t-il ajouté. Ran Roth, directeur de l’entreprise technologique Sensibo, reconnait que les produits qui connaissent le plus de succès sont ceux qui ont un sens sur le plan financier. Il propose des produits basés sur l’intelligence artificielle et des capteurs pour mieux gérer la climatisation, une préoccupation importante dans la chaleur souvent étouffante d’Israël, où son entreprise est basée. Les capteurs de Sensibo mesurent l’humidité et la température, et utilisent un logiciel qui analyse les habitudes de chaque utilisateur, ce qui permet d’économiser de l’énergie et de l’argent. Selon lui, les nouvelles technologies doivent être rentables si elles veulent prospérer, à la différence des technologies dites «vertes» qui, très souvent, ne parviennent pas à atteindre cet objectif. Le changement climatique s’aggravant, des observateurs du secteur estiment cependant que les grandes entreprises du secteur de la technologie subissent une pression de plus en plus grande pour atteindre des objectifs de durabilité. «Nous avons assisté à la dénonciation publique des organisations qui se sont livrées à l’écoblanchiment (utilisation abusive ou trompeuse d’arguments écologiques à des fins publicitaires, ndlr) l’année dernière», relève Abhijit Sunil de Forrester Research. «De nombreuses organisations font donc attention à ce qu’elles mentionnent comme étant leurs initiatives en matière de durabilité et elles sont désormais aussi transparentes que possible», selon lui. M. Sunil estime que c’est dans le secteur industriel que l’on constate les plus importantes avancées en matière d’environnement.Il reconnaît cependant que le secteur des produits grand public accuse peut-être un retard dans sa transition écologique. L’une des inventions récompensées au CES est ainsi un robot qui permet de détecter et prévenir les fuites d’eau dans les canalisations souterraines produit par la start-up française ACWA Robotics.En France, 20% de l’eau potable est gaspillée en raison de fuites dans les canalisations. Pour l’ingénieure d’ACWA Elise Lengrand, lutter pour l’environnement «est le défi du siècle». «Je veux dire, c’est sûr que c’est vraiment cool de faire une grosse télé et tout ça, mais (l’environnement) c’est vraiment ce qui compte», a-t-elle ajouté.