Canal+ fête ses 30 ans et doit s’adapter à la déferlante de la vidéo sur internet

Inventeur d’une télévision impertinente, manne du cinéma français et des clubs de foot, Canal+, qui fête ses 30 ans le 4 novembre, est devenu un groupe international qui doit s’adapter à la déferlante de la vidéo sur internet. Depuis 30 ans, Canal+ attire ses abonnés par des films sortis en salle depuis moins d’un an ainsi que les plus grands matches de foot et autres sports souvent invisibles ailleurs. Pour le clair, vitrine de la chaîne, des émissions chocs, d’abord «Nulle Part Ailleurs», un talk show à l’américaine débuté en 1987, et aujourd’hui «Le Grand Journal» et «Le Petit Journal». Canal+ est née de la volonté de François Mitterrand qui désigne pour la diriger son ami André Rousselet. Il s’inspire de la chaîne américaine HBO pour son modèle à péage. Démarrée le 4 novembre 1984, elle bouleverse un paysage audiovisuel français cantonné à 3 chaînes publiques – TF1, Antenne 2 et FR3. Avec comme directeur Pierre Lescure et Alain de Greef comme directeur des programmes, Canal+ invente un style, fait de provocation et de dérision, vite baptisé «esprit Canal». Après des débuts difficiles, les abonnements atteignent 2 millions en 1987 puis 5 millions en 1995. Dans les années 90, avec sa prise de contrôle par Vivendi , Canal+ se développe tous azimuts : implantations internationales, lancement de StudioCanal, du bouquet de chaînes Canal Satellite, de la chaîne d’info i-télé, puis le rachat des Studios Universal, qui sera un fiasco. Canal+ connaît un passage à vide au début des années 2000 mais depuis dix ans, présidée par Bertrand Méheut, elle parie sur de nouveaux relais de croissance, dont la production de séries originales. Après une baisse des abonnements fin des années 2000, elle a maintenu ses abonnés  entre 4,5 et 5 millions. 

La situation actuelle est plus délicate. Confrontée à des concurrents bon marché, comme le service de vidéo illimitée Netflix pour la fiction et BeIn pour le sports, Canal+, sous l’impulsion du DG Rodolphe Belmer, a choisi de parier de plus en plus sur les créations originales, avec des séries ambitieuses comme «Les Revenants», «Braquo» ou «Engrenages». Elle s’est diversifiée dans la télé gratuite généraliste avec D8 et D17. Et le groupe se développe à l’étranger, surtout en Pologne et au Vietnam, ainsi qu’en Afrique où elle compte 1,3 million d’abonnés et lance une chaîne panafricaine, A+. Et StudioCanal est devenu le studio de cinéma leader en Europe. Canal+ mise aussi sur son service de vidéo à la demande illimité, CanalPlay, qui compte déjà 520.000 abonnés en France, et vient concurrencer l’américain Netflix. Pour rester en phase avec les créateurs du net, Canal+ a aussi racheté Studio Bagel, collectif d’humoristes d’internet.