Canal+ agrandit son offre et se renforce face aux plateformes américaines: le groupe audiovisuel va acquérir OCS, le bouquet de chaînes payantes de l’opérateur de télécommunications Orange, qui perd de l’argent pour l’instant. Les deux groupes français ont officialisé lundi «la signature d’un protocole d’accord». «Canal+ deviendra à l’issue de cette transaction l’actionnaire unique» d’OCS ainsi que d’Orange Studio, filiale de coproduction de films et séries d’Orange, ont-ils indiqué dans un communiqué commun. Le montant de la transaction n’est pas précisé. Mais selon le journal «Les Echos», «une fois n’est pas coutume, c’est le vendeur, c’est-à-dire Orange, qui verse de l’argent à l’acheteur Canal+».
En effet, OCS, lancé en 2008 et qui compte quelque 3 millions d’abonnés, est «endetté et en pertes». La somme retenue pour la transaction «serait de moins de 100 millions d’euros et surtout ne prendrait pas la forme d’un chèque sec à Canal+», affirment «Les Echos». «Orange sera amené à supporter les cash-flows négatifs (quand l’entreprise sort plus d’argent qu’elle n’en rentre, NDLR) futurs», poursuit le journal, selon lequel «l’opérateur s’est engagé à verser des minimums garantis à Canal+ sur trois à quatre ans». «OCS, facturé 11 euros par mois seul, a accumulé entre 400 millions et 500 millions d’euros de pertes depuis son lancement, selon nos informations», soulignent «Les Echos». Selon le journal, cet accord clôt une «négociation de presque deux ans». A l’heure actuelle, Canal+ est le principal distributeur d’OCS et y détient une participation de 33,34%, ce qui lui donnait un droit de préemption. Depuis le 1er janvier, OCS a perdu l’un de ses contenus majeurs, les séries emblématiques de la chaîne américaine HBO comme «Game of Thrones» ou «Les Soprano». HBO a décidé de ne pas renouveler le contrat de distribution de ces séries, afin de réserver ses programmes à sa propre plateforme de streaming, qui n’est pas encore disponible en France. Dans le communiqué, Orange relève la forte «concurrence dans le secteur audiovisuel», qui «n’a cessé de s’intensifier» pour OCS «avec l’émergence de puissantes plateformes internationales», comme Netflix, Amazon Prime Video ou encore Disney+.
Les objectifs d’Orange avec cette transaction étaient de «pérenniser le développement» d’OCS et Orange Studio, «tout en préservant les emplois et le préfinancement de la création», c’est-à-dire les obligations de financement du cinéma, selon le communiqué. D’après «Les Echos», «Canal+ se serait engagé à reprendre la totalité de la centaine de salariés d’OCS». «Premier studio de cinéma et de télévision en Europe, StudioCanal (la filiale de production audiovisuelle de Canal+, ndlr) possède de nombreux atouts pour faire rayonner le catalogue d’Orange Studio», soulignent les deux groupes dans leur communiqué.Orange Studio «compte plus de 200 coproductions à son actif ainsi qu’un catalogue de près de 1.800 oeuvres audiovisuelles et cinématographiques dont des films oscarisés et emblématiques comme The Artist ou The Father», ont-ils précisé. Avec cette cession, Orange abandonne la création de contenus et redevient un simple distributeur via ses offres télé. En poste depuis avril dernier, la nouvelle directrice générale d’Orange, Christel Heydemann, présentera le 16 février le prochain plan stratégique du groupe à horizon 2030, dans la foulée de la publication des résultats de l’exercice 2022.