Entre intime et humain, les grandes tendances de la télévision mondiale sont mises en exergue à chaque MIPCOM. Pour connaître les formats clés sur le marché, média+ s’est entretenu avec Caroline SERVY, Managing Director de l’agence The WIT.
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Diffuseurs et producteurs constatent une pénurie de formats de flux. La tendance se confirme-t-elle ?
Caroline SERVY
Les genres «stars» restent un peu les mêmes. Les nouvelles créations prennent d’autres directions que le traditionnel concours de talents ou le divertissement classique. L’offre marque aujourd’hui une rupture. Les grands plateaux de TV sont désertés au profit de formats d’emotainment captés dans des cadres plus ordinaires. Cette tendance s’appuie sur un ancrage de notre société en quête de reconnection. Le dating par exemple, qui n’a jamais cessé de fonctionner, est traité de manière différente. Dans «Meet The Parents» (ITV Studios), la personne célibataire apprend à connaître ses prétendants en questionnant leurs parents. A travers le format coréen «Sweetheart in your Ear» (CJ&EM), le célibataire est rivé à son smartphone qui est son seul lien avec ses prétendantes jusqu’à ce qu’il n’ait plus de batterie. Dans «Animal Attraction» (DRG), un format diffusé en Norvège, on se rencontre en revenant à des instincts plus primitifs.
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Comment l’emotainment s’illustre-t-il dans les nouveaux formats ?
Caroline SERVY
Le jeu de la vérité revient sous d’autres formes avec des valeurs de productions plus ancrées dans la réalité. Exit le bon vieux studio, bonjour les maisons, la table et le détecteur de mensonges. Dans «The Lie Detective» (FremantleMedia international) sur Channel 4, les couples au bord de la rupture ou des amis fâchés jouent cartes sur table sous les yeux d’un expert qui débusque les mensonges. Le format britannique «I’ve Got Something to Tell You» (UKTV) permet à des gens ordinaires de faire des confessions extraordinaires à leurs proches. Dans «Story of my live» (Talpa Global), l’apparence physique de couples de célébrités est transformée de plusieurs dizaines d’années en recourant aux services d’un artiste maquilleur professionnel. S’ensuit alors une discussion à propos de leur relation et cela crée une émotion. Les gens sont vraiment perturbés de se voir avec 40 ans de plus.
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Y’a-t-il un regain autour des jeux d’aventures ?
Caroline SERVY
C’est un genre qui n’a jamais faibli. Selon notre base de données, les lancements de shows d’aventures (adaptations comme nouveaux formats) ont la part belle. Dans «Families Gone Wild» (FremantleMedia International), des familles restent isolées pendant 5 jours sur une île inhospitalière. La fatigue et le manque de nourriture y jouent le rôle d’un psychologue. L’escape game «Beat The Stack» (Eccholine) permet à des candidats d’affronter toutes sortes d’épreuves dans des containers empilés les uns sur les autres. C’est un format français porté par un les créateurs de «Pékin Express».
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2016 rime-t-elle avec le retour du trash ?
Caroline SERVY
Dans un monde où le politiquement correct est la référence, il y a une soupape de décompression avec un public qui aime regarder des programmes irrévérencieux avec un œil un peu coupable. Le divertissement est à la frontière entre ces genres. Dans «Get the fuck out of my house» (FremantleMedia International), 100 candidats doivent cohabiter pendant 2 semaines dans une petite maison conçue pour 4 personnes, avec juste assez de nourriture pour 4, et doivent se partager 100.000 € au fil de plusieurs épreuves. Toute sortie est définitive. Dans «The Letter» (ITV Studios), 4 amis s’envoient mutuellement des lettres pour se faire un diagnostique de leur vie respective et se donner une mission à suivre pendant une semaine avant de faire le grand defrief’.