C. KOSZAREK (FDCAN): « Avec la crise du Covid-19, les chaînes doivent jouer un rôle de stabilisateur »

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Le Président de la Fédération des Créateurs Audiovisuels et Numériques, Christophe KOSZAREK a alerté le CSA sur la situation des créateurs français et des sociétés de productions indépendantes dans le contexte de la crise sanitaire. Des mesures d’urgence sont-elles nécessaires ? Réponse.

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La crise du Covid-19 fragilise-t-elle les créateurs et les producteurs indépendants ?

Christophe KOSZAREK

Bien entendu ! Le marché de la télévision est structuré autour de grands groupes audiovisuels. A leurs côtés, de nombreuses sociétés de production sont particulièrement vulnérables dans la situation actuelle. Au cœur de la crise que nous vivons, les chaînes doivent jouer un rôle de stabilisateur. C’est la raison pour laquelle j’ai interpellé Roch-Olivier Maistre, le Président du CSA, via la Fédération des Créateurs Audiovisuels et Numériques, pour qu’il prenne des mesures urgentes. Il nous avait demandé de lui faire remonter les enjeux ainsi que les inquiétudes que pouvaient rencontrer les chefs d’entreprises, producteurs et créateurs. 

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Quelles seraient les mesures d’urgence à appliquer dans le secteur de l’audiovisuel ?

Christophe KOSZAREK

Nous appelons le CSA à prendre trois grandes mesures. La première consiste à demander aux diffuseurs (publics et privés) de poursuivre l’activité de création avec les sociétés de production indépendantes. Il est capital de préparer la suite, faire appel aux forces vives pour travailler sur de nouveaux contenus, cases et grilles de rentrée. Si les producteurs ne reprennent pas l’activité, nous nous dirigeons vers des phénomènes de faillites massives à court terme. La deuxième mesure urgente est de faire de France Télévisions un stabilisateur dans le secteur de la production française en préservant ses investissements en 2020-2021 dans la production indépendante, tous genres confondus (flux et fiction). La situation actuelle peut clairement amener les diffuseurs à stopper l’activité de flux qui n’est pas protégée par des quotas. Enfin, la troisième mesure est de circonstance. Nous avons demandé au CSA d’accompagner les diffuseurs et les sociétés de production dans leurs activités pour qu’elles respectent les bonnes conditions de sécurité juridique. Dans le cadre de la crise sanitaire, les tournages impliquent des conditions d’hygiène et de sécurité exceptionnelles. Nous trouvons utiles que le CSA formule des recommandations afin de sécuriser la situation de tous les acteurs.

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La présidence de France Télévisions a plutôt réagi rapidement en annonçant des mesures de sauvegarde de la création audiovisuelle…

Christophe KOSZAREK

Le service public, compte tenu des premières mesures annoncées, devrait jouer son rôle de stabilisateur. Il faudra aller plus loin en faisant en sorte qu’il n’y ait pas de baisses conjoncturelles des budgets dans les contenus. Pour cette raison, l’État doit revoir la trajectoire budgétaire de France Télévisions. Il est donc essentiel de soutenir l’audiovisuel public et de revenir sur les coups de rabot qu’il subit depuis quelques années. On le rappelle, le secteur de la production emploie plus de 160.000 personnes. Dans le contexte actuel, il est particulièrement nécessaire que le service public soutienne les sociétés de production indépendantes françaises à l’heure où le gouvernement défend la souveraineté culturelle française.

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L’État a donc un rôle à jouer pour redonner des moyens au service public ?

Christophe KOSZAREK

Compte tenu de la structure du marché et de la taille des entreprises de production, il est quasiment certain que l’État devra intervenir, probablement en injectant de l’argent, au même titre que d’autres secteurs d’activité. Il en va de la sauvegarde de notre souveraineté culturelle. On le voit bien, les Français ne se sont jamais autant tournés vers la télévision pour s’informer et se divertir. Le média TV a un rôle social majeur. On se doit d’avoir un service public fort.