Carole BIENAIME-BESSE, Membre du CSA
Le week-end dernier, les chaînes ont diffusé la campagne annuelle de protection des tout-petits organisée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Pour connaître les plans d’action à venir dans cette thématique, média+ s’est entretenu avec Carole BIENAIME-BESSE, Membre du CSA
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Relancer une campagne télévisée sur la protection des jeunes enfants, c’était une nécessité pour le CSA ?
Carole BIENAIME-BESSE
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a pour mission de veiller à la protection du public dans sa globalité. Après consultation de professionnels de santé et d’experts concernant la sensibilisation du public aux risques liés à l’exposition des enfants de moins de 3 ans à la télévision, une délibération a été adoptée en 2008 par le CSA. La délibération précise que les plus jeunes, en plein développement psychomoteur, ne doivent pas être exposés aux écrans car ils doivent être acteurs du monde qui les entoure. Leur stimulation doit venir de l’interaction qu’ils ont avec les adultes, les autres enfants, les objets, etc. Les cantonner à un statut passif de téléspectateurs peut freiner leur développement. La consommation de la télévision n’est donc pas adaptée aux enfants de moins de 3 ans. Même si cette recommandation peut apparaître forte, elle permet d’assurer un bon développement cognitif aux enfants. Sous l’impulsion du CSA, les chaînes se mobilisent depuis 2009 pour sensibiliser le public. Les diffuseurs ont d’ailleurs été nombreux l’an passé à réaliser un spot pour cette campagne. Sur l’ensemble du territoire, environ 650 messages ont été relayés à la télévision. Dans la même logique, nous orchestrons fin novembre une campagne dédiée à la signalétique jeunesse avec la collaboration étroite des chaînes.
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Nombreux sont les contenus créés spécifiquement pour les tout-petits…
Carole BIENAIME-BESSE
La délibération émise en 2008 est intervenue alors que la création de deux chaînes à destination des bébés suscitait une vive émotion, notamment celle de spécialistes du monde de l’enfance et des associations familiales. Les contenus destinés aux tout-petits sont nombreux, mais malgré leur qualité, l’exposition aux écrans reste nocive à cet âge. Une étude récente a démontré que l’imaginaire des enfants était davantage stimulé sans télévision. A partir de 9 mois, un enfant imite ce qu’il observe sans forcément le comprendre. Il est donc préférable que les enfants interagissent avec le monde environnant.
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Quelle est l’autre partie du travail effectué par le CSA sur la protection de la jeunesse?
Carole BIENAIME-BESSE
Pour les enfants de 4 à 8 ans, la recommandation du CSA consiste à privilégier une exposition télévisuelle limitée à des programmes spécifiques. Ma priorité en tant que présidente du groupe de travail «Protection de la Jeunesse» est d’approfondir les études afin de mieux accompagner les parents dans leur rapport aux écrans.
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Les JT n’ont toujours pas de signalétiques. Les choses pourraient-elles bouger ?
Carole BIENAIME-BESSE
Pour l’instant, ce n’est pas d’actualité. Certes, les JT n’ont pas de signalétique, mais les présentateurs de journaux ont l’obligation d’informer le téléspectateur avant la diffusion d’images pouvant heurter la sensibilité du jeune public. Après, il s’agit d’une responsabilité partagée entre le diffuseur et les parents censés s’assurer que l’enfant n’est pas exposé.
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La signalétique actuelle (-10, -12, -16, -18 ans) est-elle encore viable en 2017 ?
Carole BIENAIME-BESSE
Oui. La signalétique télévisuelle est très adaptée et efficace. Les chaînes appliquent d’elles-mêmes la classification définie par le CSA. Elles sont généralement vigilantes dans leur appréciation. D’ailleurs, la signalétique à la télévision est plus renforcée qu’au cinéma.