C. BENJO (Haut et Court) : « Quand une histoire est suffisamment originale, avec une dramaturgie forte et bien écrite, elle voyage naturellement »

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Fondée en 1992, Haut et Court (lauréat du Prix du Producteur de l’année – Fiction) se positionne comme une société indépendante de production et de distribution de films, dont la vocation est de révéler notamment de nouveaux talents. Entretien avec Caroline BENJO, Co-gérante chez Haut et Court. 

La diversification de vos activités, est-ce le maître mot de votre stratégie ?

Oui, c’est le cas. Nous sommes très éclectiques. La plupart du temps, ce sont les auteurs et les réalisateurs qui guident nos choix en fonction de ce qu’ils ont envie de faire, quel que soit le format, pour la télévision ou le cinéma. Nous sommes à leurs côtés et nous les accompagnons. C’est en ce sens que nous avons développé et produit récemment deux séries ambitieuses : «No Man’s Land» avec ARTE et Hulu, et «Possessions» avec CANAL+ et la chaîne Yes. 

Avez-vous toujours une ambition internationale en développant vos séries ? 

Nos séries se sont exportées assez spontanément, même ce n’était pas quelque chose que l’on recherchait initialement. Si on prend l’exemple les «Revenants», une série très franco-française, nous avons été surpris et enchantés qu’elle soit achetée par Channel 4. A partir du moment où ils l’ont diffusé dans la même tranche horaire que «Homeland» à 21h le dimanche soir, ça a été un succès phénoménal. On s’est rendu compte que la série avait un potentiel international que nous n’avions pas soupçonné. Quand une histoire est suffisamment originale, avec une dramaturgie forte et bien écrite, elle voyage naturellement parce que le public est curieux de ce qui se passe ailleurs, des récits venant de réalités différentes. Ce sont des fenêtres ouvertes sur le monde. Le cinéma l’a toujours été et la télévision l’est aussi en grande partie. 

La créativité des séries à la TV s’est-elle accentuée ces dernières années ?

Ce n’est pas encore le propre de toutes les chaînes en France. Mais on espère que cela le deviendra. Cette liberté créative, elle existe depuis longtemps chez CANAL+, ARTE, OCS qui ont toujours aimé prendre des risques. On attend la même chose maintenant de France Télévisions et du nouveau mandat de Delphine Ernotte. La prise de risque est la clé de la réussite pour les diffuseurs dans un marché de plus en plus concurrentiel, le socle commun restant une histoire bien racontée qui entraînera ses spectateurs sur des sentiers nouveaux. 

Avez-vous été impacté par la crise sanitaire ? 

Nous avons eu la chance de terminer tous nos tournages quelques semaines avant le début du confinement : 2 longs métrages et 2 séries. La phase de post-production a été un peu compliquée à mettre en place pendant cette période mais nous avons livré nos productions en temps et en heure. 

Des projets en cours ? 

Sélectionné au dernier Festival de Cannes, «Gagarine», premier long métrage de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh, sortira prochainement au cinéma. Nous sommes en développement d’une vingtaine de projets de séries dans des styles très variés : comédie, thriller, politique,… Nous continuons notre collaboration avec Shachar Magen, le showrunner de «Possessions» et avec Jul, le créateur de «50 Nuances de Grecs».  Avec CANAL+, nous développons une série de 26’ adaptée du livre «Histoires plastiques» écrit par une chirurgienne esthétique, Isabelle Sarfati. Nous travaillons aussi sur la saison 2 de «No Man’s Land» pour ARTE.