C. BALDELLI (Public Sénat) : «Nous ne sommes pas une chaîne de prêt à penser»

517

Public Sénat accélère sa mutation sur le digital. Après avoir impulsé une nouvelle dynamique éditoriale à la chaîne depuis son arrivée il y a deux ans, Christopher BALDELLI, PDG de Public Sénat, prépare le lancement le 26 avril d’une plateforme numérique enrichie et renouvelée (publicsenat.fr). Entretien.

MEDIA +

Quelle est la vision stratégique derrière le lancement de cette nouvelle plateforme numérique multimédia pour Public Sénat ?

CHRISTOPHER BALDELLI

Nous considérons Public Sénat comme un média à part entière. En plus de la chaîne de télévision que tout le monde connaît sur le canal 13, nous créons aussi des contenus spécifiques pour le digital. Notre vocation est de diffuser tous ces programmes le plus largement possible. De ce point de vue, la nouvelle plateforme de diffusion (publicsenat.fr) est une étape extrêmement importante. La précédente version du site, créée il y a 8 ans, n’était plus à la hauteur de nos ambitions. Nous avons donc redéfini et repensé entièrement le site. C’est une étape stratégique essentielle puisqu’il s’agit de maîtriser la distribution de nos contenus, à la différence d’autres plateformes sur lesquelles nous sommes installés.

MEDIA +

Développer sa propre plateforme, c’est aussi un moyen de capter un nouveau public ?

CHRISTOPHER BALDELLI

Absolument ! On le sait, les chaînes de télévision réunissent tous les publics, même si la moyenne d’âge est plutôt élevée. En revanche, il y a beaucoup de jeunes qui sont passionnés par des sujets politiques. Ces derniers souhaitent comprendre la société dans laquelle ils vivent. Ces jeunes cherchent des informations sur les réseaux sociaux et dans le monde du numérique. Voilà pourquoi nous avons une carte à jouer. D’une part, nous arrivons sur Snapchat, le réseau social qui capte un public assez jeune. D’autre part, nous allons exploiter dès le 26 avril, une plateforme en phase avec les usages actuels.

MEDIA +

Cette nouvelle plateforme va-t-elle renforcer l’influence de Public Sénat?

CHRISTOPHER BALDELLI

La particularité de notre site est d’être à la fois plateforme de télévision (accès au direct et au replay) mais aussi une plateforme multimédias (écrits, vidéos, podcasts). Concernant les formats audios par exemple, nous en produisons depuis quelques mois. A l’occasion de la présidentielle, nous avions enregistré avec le Cevipof-Sciences Po, des chercheurs en politique, des podcasts pédagogiques pour présenter les enjeux liés au vote : les propriétaires de véhicules électriques votent-ils écolo ? L’élection se joue-t-elle à la télévision ?

MEDIA +

Comptez-vous intégrer les technologies de pointe telles que l’intelligence artificielle pour offrir une expérience utilisateur unique sur cette nouvelle plateforme ?

CHRISTOPHER BALDELLI

Ce n’est pas notre priorité. Nous pourrions utiliser l’intelligence artificielle  pour des raisons d’économie. Mais notre valeur ajoutée, c’est le travail de notre équipe qui connaît très bien la matière parlementaire et a l’habitude de travailler ces questions de société. Plus de la moitié des gens qui travaillent pour Public Sénat sont des journalistes. Après, on s’est posé récemment la question de l’intelligence artificielle à propos des images. Il se passe des choses avec des images recréées artificiellement avec des risques de manipulation. Doit-on s’interdire de les utiliser? Pour l’instant, on ne le fait pas. Nous voulons prendre le temps de mieux comprendre l’évolution du phénomène avant de prendre position.

MEDIA +

Comment le partenariat avec Loopsider, un pur player numérique, profitera-t-il à Public Sénat, et quelles sont les synergies potentielles entre les deux entités ?

CHRISTOPHER BALDELLI

Loopsider est un média ayant des valeurs proches des nôtres : valeur d’engagement et de civisme. Notre partenariat sera essentiellement du partage de contenus, d’un côté comme de l’autre. Ils ont une capacité à produire des contenus qui créent de la conversation sur les réseaux sociaux. Ensemble, nous allons aussi coproduire des programmes.

MEDIA +

Un mot sur les changements opérés sur l’antenne de Public Sénat ?

CHRISTOPHER BALDELLI

A mon arrivée il y a deux ans, nous avions opéré un profond renouvellement de la grille. Depuis septembre 2021, huit nouvelles émissions originales ont été lancées.

MEDIA +

Quel impact concret sur les audiences?

CHRISTOPHER BALDELLI

Nos audiences progressent fortement avec une croissance moyenne de +25% sur les 18 derniers mois. Cette dynamique s’est renforcée en début d’année avec le débat sur la loi réforme des retraites. En mars 2023, nous enregistrons une progression de +67% (VS mars 2022). L’audience, c’est toujours le signe que ce que nous faisons intéresse les gens. En complémentarité, à travers des études qualitatives, les téléspectateurs viennent nous regarder pour apprendre et pour comprendre sur la vie politique, la société et les enjeux de citoyenneté. Nous ne sommes pas une chaîne de prêt à penser. On se donne le temps d’approfondir.