C. ALVARESSE (France Télévisions) : «On pousse les producteurs à l’audace pour mieux raconter le réel»

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Alors que le FIPADOC vient d’ouvrir ses portes, intéressons-nous à la stratégie documentaire du Groupe France Télévisions qui a été révélée hier soir à Biarritz. Pour cela, nous nous sommes entretenus avec Catherine ALVARESSE, Directrice des Documentaires de France Télévisions. Elle nous détaille les ambitions, les projets et les perspectives autour du genre documentaire sur le service public.

MEDIA +

En cette année du documentaire, décrétée conjointement par le CNC et le ministère de la Culture, comment vous positionnez-vous ?

CATHERINE ALVARESSE

Nous nous inscrivons avec enthousiasme en 2023 dans cette dynamique de l’année du documentaire. On souhaite premièrement s’intéresser et renforcer l’impact de nos films, bien au-delà de leur diffusion. Nous avons observé ce phénomène cette année à travers de nombreux films comme «Inceste, le dire et l’entendre» (France 3) mais aussi «Noirs en France» (France 2). Des œuvres qui font parler d’elles encore aujourd’hui. Cet impact du documentaire va se décliner sur plusieurs axes : l’environnement d’abord. Nos deux rendez-vous incarnés «Sur le front» et «Vert de rage» sur France 5 sont complétés par des films événements tels que «Thomas Pesquet : objectif France» (Grand Angle Productions) en Prime Time sur France 2. Depuis la station spatiale internationale, lors de sa dernière mission, et grâce à des rencontres dans la canopée de la forêt guyanaise, au cœur des glaciers des Alpes ou encore sur le littoral normand de son enfance, Thomas Pesquet nous offre une vision nouvelle de notre pays, de nos territoires et des enjeux et des menaces qui pèsent sur notre nature comme sur l’ensemble de notre planète.

MEDIA +

Quel est votre deuxième engagement?

CATHERINE ALVARESSE

Donner toujours plus la parole à ceux que l’on entend peu ! Nous voulons enrichir le récit commun. Après «Nous paysans» (et ses 5,5 millions de téléspectateurs en février 2021, ndlr), nous allons proposer «Nous les ouvriers» (Program 33) sur France 2 en première partie de soirée. On proposera aussi «Homos en France» (Bangumi), un film intergénérationnel entre la jeune génération et celle qui s’est battue pour la dépénalisation de l’homosexualité. Et bien sûr, les documentaires de société sont toujours déclinés dans nos cases «Infrarouge» et «La Ligne Bleue».

MEDIA +

Votre souhait est donc de créer toujours plus d’impact ?

CATHERINE ALVARESSE

Exact ! Et à cela s’ajoute la volonté de rassembler et d’engager le public, tous les publics ! Que nos récits soient au cœur de la conversation.

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Quelle politique sur vos séries documentaires ?

CATHERINE ALVARESSE

On poursuit nos séries sur France 5, à l’image de «Planet Killers» (Premières Lignes), une plongée dans l’unité des crimes environnementaux d’Interpol. Nous préparons aussi l’arrivée de nouvelles séries géopolitiques sur la chaîne avec notamment «Le Hezbollah, l’enquête interdite» (3X52’ – Magnéto) et «MH 370» (6X30’ – Federation / So In Love) sur la disparition du vol MH370 de la Malaysian Airlines en 2014 qui reste un mystère total, à la fois terrible et fascinant. A l’instar de «L’affaire d’Outreau» (4X52’), nous développons d’autres projets de faits retentissants de notre histoire contemporaine sur France 2. Et pour France 3, nous allons proposer «Vendetta» (3×52’), une plongée inédite au cœur de la mafia corse. Pour France TV Slash, nous lançons la 3ème saison d’«Océan» (High Sea Production / Pampa Production).

MEDIA +

Pour que vos documentaires aient un impact, l’investigation est requise. Donnez-vous plus de temps aux producteurs ?

CATHERINE ALVARESSE

Absolument ! Le temps long est celui du documentaire. Mais proposer de la série, de la géopolitique et du décryptage, cela demande plus de temps encore ! On travaille toujours en profondeur, quel que soit le projet, pour marquer notre différence, pour proposer un autre temps au milieu des infos permanentes et instantanées que l’on retrouve au quotidien. Et ce temps long permet au documentaire de faire œuvre et de rester.

MEDIA +

Avec combien de producteurs travaillez-vous ?

CATHERINE ALVARESSE

Près de 300 producteurs à l’année.

MEDIA +

Que devient l’appel à projets «Rebelles» ?

CATHERINE ALVARESSE

Ça y est, les films sont en production. Nous les mettrons à l’antenne l’année prochaine sur France 5. Avec cette nouvelle collection de 52’, l’engagement est de parler d’artistes contemporains qui ont marqué un art, et qui ont été rebelles en leur temps.

MEDIA +

Où en est le renouveau des séries «Découverte» de France 5 ?

CATHERINE ALVARESSE

Suite à un appel à projets, des pilotes ont été livrés. Nous allons prochainement choisir collégialement les deux séries que nous lancerons cet été. Nous avons été très heureux de faire bouger les lignes. L’idée de départ était de renouveler les écritures et les incarnants en proposant des visages à la fois nouveaux et pluriels. Et c’est réussi ! Tous les regards sont les bienvenus à France Télévisions.

MEDIA +

Peut-on vraiment pousser à l’audace en télé ?

CATHERINE ALVARESSE

Bien sûr ! On pousse les producteurs à l’audace pour mieux raconter le réel. Ce n’est pas juste pour la beauté du geste. La forme doit toujours rester au service du fond. Et le renouvellement des écritures et de la forme permet aussi de toucher de nouveaux publics, tout en conservant les plus fidèles.