Dans le cadre du «Sunny Side of the Doc», le marché international de référence pour la coproduction, l’achat et la vente de projets documentaires, et à l’issue de la révélation du line-up 2021-2022 des documentaires de France Télévisions qui s’est tenue hier midi, média+ s’est entretenu avec Catherine ALVARESSE, Directrice des documentaires du groupe public. Lignes stratégiques, moments forts, projets en cours, elle nous dit tout. Entretien.
MEDIA +
Quel bilan dressez-vous de votre saison documentaire sur France Télévisions ?
CATHERINE ALVARESSE
Le documentaire se porte bien. C’est un marqueur très fort sur l’ensemble des antennes nationales (France 2, France 3, France 5) mais aussi sur la plateforme france.tv. En dressant le bilan de cette saison qui se termine bientôt, après des mois confinés et compliqués, nous avons rencontré de vrais beaux succès. Tout d’abord, «Nous Paysans» (Program 33) sur France 2, un formidable récit d’une épopée de notre pays qui a réuni plus de 5 millions de téléspectateurs. Mais aussi le bouleversant «Bouche Cousue» (416 Productions) pour «Infrarouge», qui nous confronte au silence de notre société sur les violences faites aux enfants, ou encore «Irak, destruction d’une nation» (Tohu-Bohu) sur France 5 sur 40 ans de chaos irakien, sans oublier le sublime «Chaplin, le génie de la liberté» (Kuiv) diffusé sur France 3 autour de l’un des plus grands artistes du XXème siècle. Ces exemples montrent bien l’appétence du public pour le documentaire. Notre diversité d’offres thématiques et d’écriture fonctionnent.
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Quelle est la ligne stratégique sur la saison à venir ?
CATHERINE ALVARESSE
Offrir d’abord une diversité des écritures et des formes. Nous voulons aussi montrer à nos publics la diversité de notre société à travers des films et des thématiques qui nous caractérisent. Nous désirons ainsi intensifier nos récits et donner la parole à ceux que l’on voit moins. Le deuxième pilier est directement lié à l’année qui vient de s’écouler : on souhaite montrer la découverte du monde et renforcer la géopolitique avec des séries événementielles sur France 5. «Le Monde en Face» se renforce considérablement en géopolitique avec des projets sur Merkel, l’Europe ou Bolsonaro. En parallèle, nous continuons les grands films de découverte sur France 2. Grâce à la participation de Thomas Pesquet et du CNES, nous allons proposer un film événementiel en Prime Time sur l’épopée spatiale de l’astronaute. Dans l’ISS mais aussi sur Terre, nous découvrirons à travers le regard de Thomas Pesquet, toute la biodiversité de la France métropolitaine et d’outre-mer dans un documentaire produit par Ecran du monde. Troisième pilier, les films d’impact autour de nos engagements comme la lutte contre les violences faites aux femmes.
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Quels seront les moments forts de vos Primes ?
CATHERINE ALVARESSE
L’un des événements commémoratifs majeurs de l’an prochain sera le 60ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. En 2022, nous proposerons «C’était la guerre d’Algérie» (5X45’) de Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora. La série propose à la fois de décrypter et de comprendre cette période en donnant la parole à l’ensemble des acteurs du conflit, sur la base d’archives. Un peu plus tard, nous proposerons «Outreau, la revanche des enfants» (Point du Jour), une série de 4X52’ sur une affaire qui raconte la société, son emballement médiatique et le naufrage judiciaire qui en a résulté. Dans le cadre de soirées évènementielles pour France 5, nous développons avec Magneto une mini-série qui raconte le Hezbollah, dont le pouvoir de déstabilisation éclaire la géopolitique moyen-orientale. France 3 poursuit ses films d’histoire et ses portraits patrimoniaux en Prime. A la rentrée, à l’occasion de 40ème anniversaire de l’abolition de la peine de mort, nous découvrirons le film «Badinter, la vie avant tout» (Tohubohu). Nous allons redécouvrir aussi la carrière de «Deneuve, la reine Catherine» (Siècle Production), ou encore, «Michel Berger, besoin d’amour» (La suite production) à l’occasion des 30 ans de sa disparition.
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Que renforcez-vous la saison prochaine ?
CATHERINE ALVARESSE
Nous consolidons les documentaires événementiels sur France 2 avec une à deux séries d’histoire sociétale. Les films «Infrarouge» seront dorénavant programmés à la suite d’un Prime cohérent, en 2ème partie de soirée. Cela permettra d’éditorialier beaucoup mieux les soirées. «25 ans Nuances de Docs» se poursuit sur France 2, tout comme les soirées «Histoire» sur France 3 les lundis soirs ou «La ligne bleue», la case du jeudi soir en 2ème partie de soirée. Sur France 5, «Science Grand Format» s’affranchit des frontières du temps, et nous transporte du moyen âge à la préhistoire pour mener l’enquête sur «Lady Sapiens» (Little Big Story) en coproduction avec Radio Canada, NHK, PBS. Citons aussi «Les Docs du Dimanche», toujours aussi puissants et «Le Monde en Face» qui va s’inscrire sur les films géopolitiques.
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Quelles tendances percevez-vous sur la base des projets que vous recevez ?
CATHERINE ALVARESSE
Nous voyons émerger beaucoup de films sur l’environnement, l’agriculture et nos paysages. Nous sentons monter aussi en puissance le décryptage géopolitique. Les problématiques de la jeunesse, leur détresse et parfois même la santé mentale qui en découle, reviennent en force, tout comme les films de science qui se réinventent.
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Les formats évoluent-ils ?
CATHERINE ALVARESSE
Du 52’ au 90’, ça ne change pas vraiment. En revanche, nous renforçons les séries sur France 2 et France 5. Nous voulons donner beaucoup plus d’amplitude à nos thématiques et prendre le temps.
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Et les documentaires incarnés ?
CATHERINE ALVARESSE
L’incarnation permet d’aller sur des territoires plus compliqués comme l’environnement. C’est le cas du journaliste Martin Boudot secondé par son réseau de scientifiques, dans la collection «Vert de rage» (Première Ligne) à la rentrée sur France 5. Même si les documentaires incarnés ne sont pas une tendance à la hausse, nous poursuivons néanmoins «Rendez-vous en Terre Inconnue», «Sur le front» ou encore «Nus et culottés», ainsi qu’un grand nombre de nos séries d’été sur France 5.
