ARTE revendique une croissance de son audience de 50% en France sur les cinq dernières années. Tous les programmes, dont le budget avoisine les 131 M€, seront revisités avec en toile de fond les aspérités du monde contemporain. Détails avec Bruno PATINO, Directeur éditorial d’ARTE France.
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La relance éditoriale d’ARTE a porté ses fruits : +50% d’audience en cinq ans. Quelle est votre vision pour les cinq prochaines années ?
Bruno PATINO
Le mouvement de relance éditorial d’ARTE initié en 2012 va perdurer. Mais comme toujours, à mesure que le temps passe et que le contexte change, il y a des inflexions qui sont faites. C’est pourquoi nous allons insister sur quatre priorités pour l’avenir. La première passe par l’ouverture aux autres, à la culture, à l’Europe mais aussi aux échanges. Deuxième axe, accentuer les grands récits de fictions et de documentaires. ARTE doit devenir la chaîne des grands récits pour avoir ainsi un regard encore plus lucide sur le monde et son histoire, l’être humain et son environnement. A ce titre, nous développerons l’investigation ainsi que les grandes séries documentaires pour essayer de donner de l’intelligence aux événements. Troisième chantier, passer de l’hyper distribution à l’hyper production. Nous ne devons pas seulement être présents sur toutes les plateformes, mais produire pour chacune d’entre-elles et pour chaque usage. Il existe une rétroaction entre l’usage et la façon de raconter des histoires. Nous devons apprendre à faire de plus en plus cela. Enfin, quatrième priorité en termes d’innovation, c’est l’immersion, le 360, la réalité virtuelle. Cette conjugaison d’expérimentations va entrer en résonance avec ce qui se passer à l’antenne.
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Pour ARTE, le linéaire et le non linéaire ne font plus qu’un ?
Bruno PATINO
Nous sommes partout ! C’est le cas avec un programme tel que «Notes on blindness» qui est à la fois un documentaire mais aussi une expérience en réalité virtuelle basée sur des enregistrements audio originaux de l’écrivain John Hull. Combinant animation en 3D et son spatialisé, c’est un voyage immersif et interactif dans un monde au-delà de la vision. On est dans l’interaction entre les deux univers. Je ne crois plus à la frontière entre le numérique et le non numérique. Il y a une multiplication des expériences possibles autour de l’image animée qu’elle soit plate ou en volume avec la VR ou le 360. Ce sont ces domaines que nous voulons explorer. ARTE, c’est aussi la télé qui se réinvente.
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En quelques années, la chaîne s’est-elle ouverte à un autre public ?
Bruno PATINO
ARTE n’est plus monocolore. Le rapport à la culture s’impose avec éclectisme aujourd’hui. Nous devons continuer à apporter une diversité de tons, d’approches et d’humeurs.
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Vous pointez du doigt l’importance du récit «non standardisé». Pourtant le propre de la TV, c’est le format…
Bruno PATINO
Non, le propre de la télévision c’est de donner des rendez-vous. Dans la structure de grille, nous faisons en sorte de répondre à cette attente. En revanche, être sur le même type de récits, d’intrigues et de personnages que les autres, ce n’est pas notre vision. ARTE doit se permettre le luxe intellectuel de proposer une très grande diversité de récits, d’approches et d’ambiances à ses téléspectateurs dans des rendez-vous identifiés.
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Travaillez-vous sur la lisibilité de la grille ?
Bruno PATINO
On y travaille ! Des changements auront lieu dans quelques temps.