Bruno LECLUSE, P.-D.G. de Télé Mélody

    258

    Télé Mélody existe depuis cinq ans, avec un succès qui ne se dément pas. Au programme, des émissions du passé bien sûr, mais aussi de nouveaux projets autour de la nostalgie…

    média+ : Depuis sa naissance, le 3 décembre 2001, où en est Télé Mélody ?

    Bruno Lecluse : Nous avons fêté notre cinquième anniversaire et sommes désormais sur le câble, le satellite, l’ADSL, sans compter la diffusion téléphone mobile sur SFR et Bouygues Télécom et notre présence à l’étranger, en Belgique et en Suisse.

    média+ : La chaîne est mesurée par Médiamétrie depuis un an. Quels sont les premiers chiffres ?

    Bruno Lecluse : 1 950 000 téléspectateurs regardent Télé mélody chaque semaine. Notre cible principale reste les 30-50 ans même si les moins de 25 ans représentent aujourd’hui 20% de notre public, ce qui n’est pas négligeable. Les études révèlent que Télé Mélody est vraiment une chaîne transgénérationnelle.

    média+ : La chanson française est-elle encore au centre de la programmation de Télé Mélody ?

    Bruno Lecluse : Absolument! Elle représente 70% de l’offre, à la fois avec des clips en multidiffusion et des émissions de variétés, comme «Top à», «Numéro un», «Cadet Rousselle», «ChampsElysées», «Le Palmarès des chansons» et plein d’autres, issues des années 70 et 80.

    média+ : Parmi ces émissions de télévision du passé, comment établissez-vous votre sélection ?

    Bruno Lecluse : Notre choix se porte évidemment sur les émissions qui ont mis à l’honneur des artistes qui ont fait une longue et brillante carrière, au point d’avoir encore une grande exposition aujourd’hui. Parmi eux, il y a des légendes du patrimoine français, véritables idoles en leur temps, que les téléspectateurs adorent revoir…

    média+ : Comment se négocient les droits de diffusion ?

    Bruno Lecluse : Parfois très difficilement. Il faut passer par des réalisateurs, des producteurs ou par leurs ayant droits, qui veulent de temps en temps se faire des rentes avec ces programmes… Nous sommes pour une rémunération équitable mais n’avons pas les moyens financiers de répondre à certaines exigences. Le service juridique de l’INA se bat tous les jours pour trouver des solutions mais des trésors dorment dans les armoires à cause de ces problèmes.

    média+ : Télé Mélody, ce sont aussi des émissions de flux…

    Bruno Lecluse : Il y a quatre émissions multidiffusées sur la chaîne : «Mélody story», présenté par Frédéric Zeitoun, sur l’histoire des chansons, «Mélody de star», un talk show avec des artistes francophones, l’agenda, qui présente les émissions de la semaine et «Mélody 80», avec Christophe Renaud, ancien coprésentateur des «Enfants de la télé» d’Arthur. Quant à Jean-Pierre Pasqualini, rédactrice en chef de «Platine 45», il présente les émissions d’anthologie avant leur diffusion. Nous souhaitons vraiment développer le direct et l’interactivité avec les téléspectateurs et désirons créer un jour de grandes émissions de variétés, à la manière des années 70.

    média+ : A votre avis, pourquoi cet engouement des années 70 depuis une dizaine d’années en France ?

    Bruno Lecluse : Quand j’étais jeune, j’avais une nostalgie pour les années 50, que je n’ai pourtant pas connues. Nous avons toujours une vision «positivée» du passé. Aujourd’hui, les jeunes qui se sentent fragilisés par le chômage, le trou dans la couche d’ozone, le sida et toutes ces choses anxiogènes, prennent plaisir à revenir aux années 70, une époque où l’on ne se posait pas toutes ces questions. C’est une tendance de fond et pas un simple effet de mode.
    média + : Pourquoi ce qui était ringard hier est devenu branché aujourd’hui ?

    Bruno Lecluse : Peut-être parce qu’on s’est tous rendus compte de l’immense talent des idoles de ces années-là. Prenez Clo-Clo ! Son aura, sa notoriété sont indiscutables aujourd’hui. Il y a vingt ans, il ne me serait pas venu à l’esprit d’acheter un de ses disques ! De l’eau a coulé sous les ponts et on a pu le redécouvrir.

    média + : Ce sera quoi Télé Mélody dans vingt ans ?

    Bruno Lecluse : Malheureusement, beaucoup de variétés d’aujourd’hui seront indiffusables parce qu’elles collent purement et simplement à l’actu du moment, quand elles ne font pas elles-mêmes de la nostalgie. En revanche, un programme comme «Les Enfoirés» pourrait tout à fait être diffusé sur notre chaîne.