Bosnie : choc après le rachat par un célèbre acteur de sa peine pour agression sexuelle sur mineur

97

La révélation en Bosnie de la condamnation  en toute discrétion d’un célèbre acteur pour agression sexuelle sur mineur,  puis l’autorisation qui lui a été donnée de racheter sa peine d’un an de  prison, a provoqué un choc dans le pays et à travers les Balkans.

C’est lors d’une discussion avec le public après une pièce sur la violence  entre pairs jouée la semaine dernière au Théâtre national de Sarajevo, qu’un  jeune homme prend la parole pour raconter avoir lui-même été victime de  violence sexuelle.

Il accuse alors l’acteur Moamer Kasumovic, 42 ans, devenu une star  régionale en jouant pendant des années un des rôles principaux de la sitcom  «Lud, zbunjen, normalan» («Fou, confus, normal»), une des plus regardées dans  les Balkans occidentaux, de l’avoir agressé.

Il ajoute que l’acteur a déjà été condamné par un tribunal de Sarajevo,  après avoir été poursuivi par une autre victime, âgée de quatorze ans au  moment de l’agression.

Réticent dans un premier temps, le tribunal a fini, sous la pression des  médias bosniens, par confirmer vendredi : inculpé en 2021, M. Kasumovic a bien  a été condamné en juin 2022 à un an de prison, peine confirmée en appel un an  plus tard, selon un communiqué diffusé à la presse par un tribunal municipal  de Sarajevo. Selon la même source, l’acteur a versé, en novembre 2023, 36.500 marks  bosniens (18.662 euros), soit 100 marks (51 euros) par jour de prison, pour  remplacer son incarcération par une amende.

Ces révélations ont indigné l’opinion publique, mais aussi les collègues de  l’acteur – depuis parti vivre au Monténégro dont il est originaire.

«Bien sûr que nous n’avons pas su. C’est simplement impossible», a expliqué  le scénariste de la série, Fedja Isovic, à la chaine de télévision N1.

C’est aussi la discrétion du procès qui provoque l’incrédulité.

En Bosnie, pays divisé en deux entités, racheter la peine jusqu’à 12 mois  de prison est possible dans l’entité croato-bosniaque, peu importe le crime,  contrairement à l’entité serbe ou c’est interdit pour certains faits,  notamment pour agression sexuelle sur mineur et terrorisme.

Le gouvernement de l’entité croato-bosniaque a annoncé la mise en place  d’amendements du code pénal pour mettre fin à cette pratique, ainsi que la  création d’un registre de délinquants sexuels.