«Barbès, Little Algérie» : le portrait d’un bout de France solidaire et métissé

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Plein de générosité et de vie, «Barbès, Little Algérie» dresse le portrait d’un bout de France solidaire et métissé à travers le parcours d’un quadra recueillant son neveu arrivé d’Algérie, confirmant le talent de Sofiane Zermani, acteur venu du rap.

Le film, en salles mercredi, est l’oeuvre d’Hassan Guerrar, l’un des attachés de presse les plus influents du cinéma français, qui passe derrière la caméra et s’inspire aussi de son propre parcours.

Tourné en plein confinement, «Barbès, Little Algérie» est une déclaration d’amour aux Franco-Algériens et plus précisément aux «Barbéssiens», ces habitants de l’un des quartiers les plus défavorisés mais les plus vivants de la capitale, piste d’atterrissage pour de nombreux immigrés récents.

C’est ce monde qu’Hassan Guerrar connaît par coeur, de grandes ambitions et de petites combines, de vrais drames et de bonheurs inattendus, et était probablement l’un des seuls à pouvoir rendre aussi fidèlement à l’écran. Il est aidé par le jeu de Sofiane Zermani, Fianso de son nom de rappeur, qui joue le rôle principal de Malek, face à son neveu (Khalil Gharbia).

Lui-même d’origine algérienne, ayant grandi en Seine-Saint-Denis, Sofiane Zermani perce depuis quelques années à l’écran: dans la série «Les Sauvages», dans un film sur les violences policières («Avant que les flammes ne s’éteignent») ou encore dans une grosse production Netflix («Le salaire de la peur»). A 38 ans, il penche de plus en plus vers le cinéma: «les rappeurs, c’est comme les voyous, quand ça vieillit c’est jamais joli», s’amuse-t-il.

Il tient cette fois le haut de l’affiche et confie s’être totalement fondu dans le personnage, «sa quête d’identité, de reconstruction, de deuil, d’exil et de solitude».

Malgré le succès dans le rap, comme artiste et comme producteur, «ce truc de ne pas être chez soi, nulle part. Je l’ai vécu et je le ressens», poursuit-il, en écho à son personnage. «On finit par se croire chez soi quelque part, jusqu’à ce qu’on vienne te rappeler d’où tu viens, qui tu es, et de te calmer».

Loin d’être angéliste, ce film montre «la majorité silencieuse», assure-t-il. «En fait, tout le monde vit avec tout le monde. Mais dès que tu allumes un écran, personne ne vit avec personne.

Les réseaux sociaux et les médias surmédiatisent les sujets stupides. Il faut s’accrocher au réel. Croyez vos yeux, vos oreilles, les humains».