Barack Obama pourfend la dérive du journalisme à l’heure d’Internet

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    Le président américain Barack Obama a dressé mercredi un sombre tableau du journalisme à l’heure d’Internet, qui privilégie, selon lui, la rapidité plutôt que l’exactitude et le sensationnel plutôt que le substantiel. M. Obama participait à New York à un hommage à Walter Cronkite, grande figure du journalisme et de la télévision aux Etats-Unis, mort le 17 juillet à 92 ans. Il a fait l’éloge de celui qui, présentant le journal télévisé sur CBS de 1962 à 1981, a gagné, de l’assassinat du président John F. Kennedy à la guerre du Vietnam en passant par les premiers pas de l’homme sur la Lune, la réputation d’homme le plus digne de confiance des Etats-Unis. Mais, a demandé M. Obama, «aurait-il su trancher dans le brouhaha des blogs, des tweets et des formules pour braquer la lumière sur le substantiel ? (…) Serait-il resté cette personnalité singulière en ces temps où la faculté d’attention va s’amenuisant et où les médias sont omniprésents». M. Obama s’est dit convaincu que Walter Cronkite, avec sa rigueur, son intégrité et son sens des responsabilités, y serait parvenu. Mais, avec une concurrence accrue et dans un contexte économique difficile pour les médias, «le niveau d’exigence a baissé à mesure que le cycle des nouvelles se raccourcissait», a-t-il observé. «Trop souvent, nous comblons ce vide de ces commentaires immédiats, de ces ragots sur les célébrités et de ces histoires faciles que Walter méprisait», a-t-il regretté. «La question: «qu’est-ce qui s’est passé aujourd’hui ?» a cédé la place à: «qui est-ce qui a gagné aujourd’hui ?» Le débat public s’est appauvri. La confiance du public s’amenuise», a déclaré le président américain. M. Obama s’est dit convaincu que «le choix entre profit et progrès est un mauvais choix et que l’âge d’or du journaliste reste à venir», à condition de défendre les valeurs journalistiques personnifiées par Walter Cronkite.