B. VITE (dentsu international) : «62% des Français s’informent plusieurs fois par jour»

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A quelques jours du 2nd tour de l’élection présidentielle, dentsu data labs a reconduit une enquête réalisée il y a 5 ans sur le rapport des Français aux médias. Comment nos concitoyens s’informent-ils ? Réponses avec BARBARA VITE, Head of research & insights chez dentsu international.

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Entre les Français et l’information, quelles tendances majeures percevez-vous ?

BARBARA VITE

Dans le cadre de notre étude, nous percevons deux tendances un peu contradictoires. La première est contre-intuitive. C’est le retour de la valeur du JT. Il y a 5 ans, nous constations une érosion du journal télévisé et une montée en puissance des chaînes d’info. Entre temps, la crise sanitaire est passée par là, les prises de parole du gouvernement ont été régulières dans les grands-messes et la captation d’audience a été massive. Cette tendance un peu surprenante est revenue contre toute attente. Aujourd’hui, l’un des moyens jugés les plus utiles pour s’informer – qui est d’ailleurs considéré comme le premier réflexe pour s’informer – c’est le JT. Deuxième tendance, la progression des réseaux sociaux comme outil pour s’informer. Une fois encore, ils étaient utilisés il y a 5 ans de manière marginale. La fonction primaire du réseau social était de partager une information. On s’aperçoit aujourd’hui qu’il y a un vrai public qui a tendance à aller chercher l’information sur les réseaux sociaux, pas forcément pour la partager, mais pour sortir des médias traditionnels. Pour certains, la Covid a généré beaucoup trop d’informations contradictoires. Les réseaux sociaux permettent aux Français d’être sélectifs dans leurs canaux d’information. On parle beaucoup de la polarisation sur la façon d’informer les Français.

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Le besoin croissant en décryptage est-il perceptible ?

BARBARA VITE

Oui, il y a un goût de plus en plus marqué pour rechercher l’analyse. Toutes les émissions TV de décryptage prennent 11 points d’intérêt par rapport à 2017. En l’occurrence, il est devenu important de mieux comprendre l’information. Quand on demande : quels sont les nouveaux moyens utilisés aujourd’hui pour s’informer? Certains citent spontanément par exemple le YouTubeur Hugo Décrypte sur les réseaux. Il y a 5 ans, les Français voulaient de l’information en permanence. A ce jour, ils déclarent que l’information à chaud les embrouille plus qu’autre chose. Le besoin croissant d’analyse se fait ressentir.

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Des catégories du public se polarisent. Comment l’analysez-vous ?

BARBARA VITE

Sur l’analyse typologique des Français, deux groupes évoluent fortement. Le premier que l’on appelle «Medialternatifs» (+8 points en 5 ans) ne veut plus du tout entendre parler des médias traditionnels. Une vraie défiance s’est créée. Ils ont l’impression qu’on leur ment, que les médias sont achetés et sont même devenus un organe de propagande. A l’autre bout de l’axe, les fans de médias s’informent en permanence (+8 points en 5 ans). Ils ont des notifications sur leur portable, par exemple. 62% des sondés s’informent plusieurs fois par jour. C’est en ça que nous parlons de polarisation des comportements.

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Quelles sont les attentes des Français ?

BARBARA VITE

Les attentes sont les suivantes : 1) avoir des informations claires et vérifiées, 2) une neutralité dans l’information avec un traitement sans prise de position, et 3) de la clarté et de la pédagogie. Dernier élément, 32% des Français se disent prêts à payer pour accéder à des médias avec plus de contenus et d’analyse (+6 points).