Créé en 2005, le Mobile Film Festival est un festival international de courts-métrages. Objectif : découvrir, soutenir et accompagner les talents du monde entier à devenir les réalisateurs et réalisatrices de demain. Entretien avec Bruno SMADJA, Fondateur du Mobile Film Festival.
Seize ans après la création du Mobile Film Festival, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
L’évolution technologique est extrêmement frappante. Nous avons démarré avec les premières caméras mobiles en 2005 qui avaient une définition très pixélisée. En 2020, les caméras 4K sont plus que jamais démocratisées. Des longs métrages sont aujourd’hui tournés au mobile comme le fait le réalisateur Steven Soderbergh.
Quelle est la vocation aujourd’hui du Mobile Film Festival ?
Les réalisatrices et les réalisateurs sont invités à créer des films selon le format unique qui fait l’originalité du festival : 1 Mobile, 1 Minute, 1 Film (fin de l’appel à films le 20 octobre, ndlr). La caméra du mobile est utilisée comme un moyen accessible de réaliser un film, ce qui retire toutes les contraintes économiques aux participants. 1 minute est aussi un format très sélectif sur la narration. Objectif : découvrir des talents et les accompagner via des bourses Nous recevons entre 800 et 1.000 films par édition, venant de 80 à 100 pays. Le 7 décembre prochain, le Mobile Film Festival remettra 8 prix, et en particulier 2 bourses d’aide à la production d’un film d’un montant de 20 000 € chacune. Ce gain permettra aux lauréats de réaliser en un an un court métrage avec des moyens professionnels et l’aide d’une productrice ou d’un producteur. En 5 ans, nous avons décerné 230.000 € à différents lauréats.
Le business autour des films sur mobile existe-t-il ?
L’intégralité des films de notre sélection officielle est accessible gratuitement. Il n’y a pas de valeur économique à ces créations, mais une valeur de reconnaissance et de visibilité. Nous reposons sur un système de AVOD avec des partenaires comme BNP Paribas et YouTube. En cours des 16 dernières années, avec l’arrivée des smartphones, il y a eu une sorte d’obsession de l’industrie de l’audiovisuel qui s’amusait à dire : à nouvel écran, nouvelle narration. Nous l’avons vu avec Studio+, BlackPills à l’époque, et nous le voyons aujourd’hui avec Quibi, un concept valorisé plusieurs milliards de dollars. On a l’impression qu’il y a un décalage entre des usagers qui ont moins de 30 ans et des décideurs quinquas qui ont une vision traditionnelle de l’audiovisuel.
Cette année, Mobile Film Festival s’engage à travers le thème du Women’s Empowerment…
Grâce à cette thématique, nous souhaitons aborder très largement les questions féministes de manière positive, constructive et militante. Nous vivons la 3ème révolution féministe, notamment avec #MeToo qui a impliqué une libération de la parole dans tous les milieux. Au travers du festival, nous abordons des thématiques à dimension universelle.
Tourner des émissions de télévision et des films de cinéma avec des mobiles, on y vient ? Oui, c’est déjà le cas avec le «Mobile Journalism» qui s’appuie sur des équipements techniques permettant de le faire. Une chaîne comme BFM Paris exploite ce dispositif. Pour le cinéma, ce n’est pas une fin en soi de tourner des films avec des téléphones mobiles. En revanche, c’est un moyen et une opportunité de faire du cinéma. En 2020, nous avons lancé la première édition «Mobile Film Festival Africa», qui était exclusivement ouverte aux réalisatrices et réalisateurs résidant en Afrique. Cette première édition est déjà couronnée de succès avec 497 films soumis originaires de 38 pays du continent. Il y a une immense créativité et nous voyons bien que le mobile ouvre la voie à de nouvelles opportunités.