Avec «Toute ressemblance…», Michel Denisot décortique le monde impitoyable du 20H

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«L’histoire est entièrement vraie puisque je l’ai imaginée» : citant d’emblée Boris Vian au générique, Michel Denisot signe avec «Toute Ressemblance…», un impitoyable film à clés sur le petit monde du sacro-saint journal de 20H, laissant le spectateur perplexe, entre réalité et fiction. En salles depuis mercredi, cette comédie raconte les tribulations de la star du 20H, Cédric Saint Guérande, sous les traits d’un inattendu Franck Dubosc dans la peau du célèbre «CSG» aux insolentes audiences qui le rendent apparemment indéboulonnable. Aux commandes du JT de «La Grande Chaîne», il carbure aux amphétamines, nourrissant sa soif de pouvoir sans foi ni loi, d’autant plus quand le nouveau PDG de la chaîne cherche à le faire tomber de son piédestal. Lui-même ancienne star de Canal+, affichant 60 années d’expérience dans les médias, de la presse locale à la télévision, jusqu’à l’actuelle direction de la rédaction du magazine Vanity Fair France, Michel Denisot n’y va pas avec le dos de la cuillère pour ce premier film dépeignant les pires jeux de pouvoir. «Je n’ai pas de point commun avec le personnage. En revanche, des «CSG», j’en ai vu beaucoup !», assure-t-il dans les notes de production. Contre toute attente pour un film sur les médias, le réalisateur qui signe son premier long métrage, a opté pour une communication minimale, avec projections de presse et entretiens triés sur le volet. «Les abus et les addictions sont des soupapes sans lesquelles ces personnes en haut de l’affiche ne tiendraient pas, même si certains arrivent à s’en passer, j’en suis la preuve (…) Rien, dans le film, n’est faux même si j’ai brouillé les pistes», ajoute Michel Denisot. «Les anecdotes les plus dingues ont eu lieu à une époque révolue où le Captagon (ndlr: puissante amphétamine) régnait en maître et les vedettes de la TV pouvaient faire n’importe quoi en toute impunité», précise-t-il.

Au-delà d’une star du 20H accro aux stupéfiants, capable de se faire faire une fellation en énonçant les titres de l’actualité, «Toute ressemblance…» met en scène aussi un ministre de la culture fan de séances sado-maso, ou un journaliste célèbre forniquant dans un palace à une heure de l’antenne. Pour ce film, Michel Denisot convoque dans leur propre rôle une pléiade de stars de l’information dont PPDA, Claire Chazal et Laurent Delahousse dans la peau du concurrent «en plus beau» du héros principal. Alain Delon fait une apparition mémorable en grand invité du JT pour un entretien de deux minutes sans paroles, uniquement en mimiques. Pour Michel Denisot, «Toute ressemblance» évoque des temps révolus : «la concurrence des écrans a sonné le glas de la télé telle qu’on l’a connue. Le fils de CSG incarne cette page qui se tourne avec sa chaîne YouTube».