Les salariés de l’audiovisuel public se mobilisaient mardi contre un projet de loi réformant leur secteur, et supprimant notamment la publicité sur France Télévisions, quelques heures avant le début de son examen à l’Assemblée nationale. Dans la matinée sur France Inter, de la musique remplaçait l’habituelle tranche d’information, en raison d’un appel à la grève de l’intersyndicale, suivie par 14,80% des salariés de Radio France selon la direction. Sur France 2, l’émission «Télématin» a été diffusée normalement mais avec des journaux matinaux réalisés dans des «conditions particulières», a expliqué le présentateur. Le journal régional Ile-de-France de France 3 se résumait à des images à la mi-journée, le journal de 13h00 de France 2 pourrait être annulé et le JT de 20h00 «extrêmement réduit», a indiqué Dominique Pradalié, du syndicat SNJ de France Télévisions. Les salariés de l’audiovisuel public commençaient à se rassembler à 12h00 au pied de la Tour Eiffel, avant de se rendre dans l’après-midi devant l’Assemblée nationale. «Nous souhaitons une bataille d’amendements. Nous espérons que les députés qui nous soutiennent feront entendre la voix des citoyens», a affirmé Jean-François Téaldi, membre de l’intersyndicale. Mesure phare du texte, l’arrêt de la publicité est prévu dans un premier temps après 20h00 à partir du 5 janvier prochain, avant sa disparition totale fin 2011. Plus de 850 amendements ont d’ores et déjà été déposés. Ce projet est aussi dénoncé par ses détracteurs comme un «cadeau» pour les chaînes privées, vers lesquels se reporteront les annonceurs. Ces dernières bénéficieront en outre d’une augmentation de la durée des spots publicitaires et d’une deuxième coupure de pub pendant les films et fictions. La ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel a tenté sur LCI de rassurer les salariés de France Télévisions sur la compensation du manque à gagner (évalué à 450 millions d’euros par an) résultant de l’arrêt de la pub. «L’Etat a pris un engagement précis, c’est 3 milliards d’euros pour l’audiovisuel public pour les trois années qui viennent, dont 450 millions d’euros de compensation pour la publicité supprimée pour 2009, 2010, 2011, quoi qu’il arrive», a-t-elle déclaré. Le projet de loi, très critiqué par la gauche et les professionnels du secteur – producteurs, scénaristes, auteurs -, a fait l’objet de divers amendements dans la commission parlementaire spéciale chargée de l’examiner, revoyant notamment à la baisse les contributions des chaînes privées et des opérateurs de telecom au financement de l’audiovisuel public. Au sein même de la majorité, le député Nouveau Centre François Rochebloine a demandé de reporter dans le temps la suppression de la publicité. Le président du Mouvement Démocrate, François Bayrou, a jugé que le projet «mériterait une motion de censure», estimant qu’on revenait «plus de 30 ans en arrière». M. Bayrou critique notamment la nomination par decret des présidents de France Télévisions, Radio France et Audiovisuel extérieur de la France après avis conforme du Conseil supérieur de l’audiovisuel et accord des commissions parlementaires compétentes. Le président du CSA, Michel Boyon, qui procédait jusqu’à présent à ces nominations, a jugé sur RTL «pas anormal» que cette prérogative revienne à l’exécutif. Le projet de loi étant examiné en urgence, le vote interviendra le 9 décembre à l’Assemblée nationale, avant le passage devant les sénateurs dès le lendemain.