La commission Copé, chargée de réfléchir à l’avenir de la télévision publique sans publicité, rédigera mercredi ses conclusions, une semaine avant de les remettre au président de la République, alors que les salariés de l’audiovisuel public sont appelés à la grève.La «commission pour la nouvelle télévision publique», dirigée par Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, s’est réunie chaque semaine depuis sa création fin février, après l’annonce le 8 janvier de la prochaine suppression de la publicité dans l’audiovisuel public par Nicolas Sarkozy. Elle auditionnait lundi les dirigeants puis l’intersyndicale de France Télévisions. Les pistes évoquées par cette commission, qui réunissait à l’origine des professionnels (des producteurs par exemple) et des parlementaires de droite et de gauche, ont suscité l’inquiétude des salariés de l’audiovisuel public. Ces derniers redoutent de ne pas voir se dessiner un financement pérenne et certains craignent, in fine, un démantèlement du secteur. L’intersyndicale a appelé les salariés à 24 heures de grève mercredi 18 juin, avec une manifestation à 14h00, de la Bastille à République, à Paris. Il s’agira de la deuxième grève dans l’audiovisuel public, après celle du 13 février, qui avait été sans précédent depuis l’éclatement de l’ORTF en 1974. Face à la suppression de la publicité, 56% des Français se déclarent «pessimistes» sur l’avenir de l’audiovisuel public, selon un sondage paru lundi dans le «Parisien/Aujourd’hui en France». Pour compenser le manque à gagner dû à la suppression de la publicité, les sondés préconisent à 33% une taxe sur les recettes publicitaires des chaînes privées, à 24% une taxe sur les opérateurs Internet et de téléphonie mobile, à 12% la privatisation d’une ou plusieurs chaînes publiques. Sans surprise, ils ne sont que 6% à prôner une hausse de la redevance et 5% à être favorables à une taxe sur l’électronique grand public. Ces hypothèses (hormis la privatisation d’une chaîne publique) ont été évoquées par la commission Copé, qui rédigera ses conclusions mercredi. Il semble acquis que la publicité sera supprimée après 20h00 à partir de septembre 2009, et totalement à partir de janvier 2012. Une hausse sensible de la redevance — actuellement 116 euros/an — a été écartée par Nicolas Sarkozy. Mais le président pourrait accepter une indexation sur l’inflation. La redevance en France, l’une des plus faibles d’Europe, n’a pas été augmentée depuis 2002 et sa valeur réelle a donc baissé. Côté contenu, la commission Copé a proposé la semaine dernière une réorganisation de France 3, en réduisant le nombre d’entités régionales à sept contre treize actuellement. Elle souhaite «un renversement complet» du mode de fonctionnement de France 3, indiquait M. Copé: «au lieu d’une chaîne nationale et de décrochages régionaux, on propose un réseau de chaînes régionales et un décrochage national». Pour l’intersyndicale de l’audiovisuel public, la commission Copé «est une opération de camouflage du démantèlement de l’audiovisuel public au profit du secteur privé», indique-t-elle dans un communiqué lundi. «Dans un premier temps, le statut de chaîne nationale de France 3 est sacrifié, en attendant le démantèlement de l’ensemble de l’audiovisuel public», selon l’intersyndicale.