A. AUBENQUE (EcoProd) : « 70% des productions n’ont pas utilisé une alimentation en énergie renouvelable »

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Cette année, parmi les films présentés au Festival de Cannes toutes sélections confondues, neuf ont été présélectionnés au Prix Ecoprod. L’occasion pour media+ d’évoquer cette sélection et les actions de l’association EcoProd avec Alissa AUBENQUE, Directrice des opérations chez EcoProd.

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Le Prix Ecoprod, c’est quoi ?

Alissa AUBENQUE

A l’occasion du 77ème festival de Cannes, Ecoprod souhaite, une nouvelle fois, mettre en lumière les films et les équipes ayant déployé une démarche d’éco-production. Le jury du Prix Ecoprod, composé cette année de Cyril Dion, Antoine Barraud, Christine de Jekel et Pauline Gil, a pour mission de distinguer un long-métrage présenté dans le cadre du Festival de Cannes, toutes sélections confondues, et produit de la manière la plus éco-responsable possible. La remise du prix aura lieu le vendredi 17 mai prochain à Cannes.

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Quel est le palmarès de l’édition 2024 ?

Alissa AUBENQUE

Cette année, parmi les films présentés au Festival de Cannes toutes sélections confondues, neuf ont été présélectionnés au Prix Ecoprod. Il s’agit de «Animale» (June Films), «Le roman de Jim» (SBS Productions), «Le royaume» (Chi-Fou-Mi Productions), «Les fantômes» (Films Grand Huit), «Maria» (Les Films de Mina), «Niki» (Panache Productions), «Sauvages» (Haut et Court), «Savanna and the moutain» (Bam Bam Cinema) et «The other way around» (Los Ilusos Films).

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Comment ont été sélectionnés ces films ?

Alissa AUBENQUE

La compétition est ouverte aux longs métrages présentés dans la cadre du festival de Cannes – toutes sélections confondues. Les candidats doivent présenter de manière très précise les démarches éco-responsables mises en place sur leur film. Ils ont eu jusqu’au 3 mai 2024 pour remplir le dossier de candidature. Lors de sa délibération, le jury est particulièrement attentif aux mesures prises pour limiter l’impact carbone, maîtriser l’énergie, protéger la biodiversité ou encore réduire les déchets.

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En quoi l’industrie cinématographique et audiovisuelle a-t-elle un rôle à jouer dans l’éco-production ?

Alissa AUBENQUE

Parce qu’elle véhicule des messages et façonne les représentations collectives, l’industrie cinématographique et audiovisuelle a une responsabilité particulière dans la prise de conscience écologique. Elle se doit donc d’être exemplaire dans ses méthodes de travail et de création. En France et ailleurs, des professionnels du secteur s’emparent du sujet et mettent en place des démarches d’éco-production pour réduire l’impact environnemental de leurs films depuis la phase d’écriture et de préparation jusqu’à la post-production. Les bonnes pratiques sont aujourd’hui nombreuses et l’éco-production est une source inépuisable de créativité.

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Constatez-vous des actions plus compliquées à mettre en place pour respecter une meilleure éco-production ?

Alissa AUBENQUE

En avril dernier, nous avons partagé une étude d’impact éco-production. Nous avons ainsi détecté des contraintes à travers la difficulté de mettre en place certains critères du label EcoProd. Pour exemple, 70% des productions n’ont pas utilisé une alimentation en énergie renouvelable ou pu éviter l’utilisation d’un groupe électrogène sur les lieux de tournage, 60% des productions n’ont pas utilisé de véhicules électriques ou hybrides et 68% des productions n’ont pas approvisionné les bureaux de production en énergie renouvelable. Par ailleurs, de nouveaux métiers apparaissent et se structurent, pour prendre en charge l’éco-production. Ces professionnels ont en moyenne 11 ans d’expérience dans le secteur : 22% viennent de la régie, 17% de l’assistanat de production et 11% de postes de chargé de production. A noter que 66% de ces personnes sont des femmes.