Le collectif de journalistes «Prenons la Une», qui a mis en ligne lundi une dizaine d’entretiens d’acteurs des médias sur leur action en faveur de la représentativité des femmes, déplore un manque d’initiatives concrètes. Ces 14 entretiens ont été publiés sur la page Youtube du collectif, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes.
S’y expriment des responsables audiovisuels (Delphine Ernotte de France Télévision ou Marie-Christine Saragosse de France Médias Monde), des directeurs de rédactions (Nicolas Barré des Echos, Johan Hufnagel de Libération, Edwy Plenel de Médiapart, Cécile Deshesdins de Buzzfeeed…) et des journalistes (Audrey Pulvar, Elizabeth Quin, Luc Bronner, Patrick Cohen, Caroline Roux…). Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, y annonce qu’elle souhaite atteindre l’objectif de 35% de femmes expertes invitées en plateau d’ici fin 2016, contre 30% aujourd’hui. Elle y pointe également l’émission «C dans l’air» comme «le mauvais élève de France Télévisions» en la matière, avec 25% de femmes expertes en plateau en 2015. «Si la majorité de ceux qui nous ont répondu sont sensibilisés à la question – ce qui est une avancée – on retrouve hélas peu d’actions concrètes pour faire évoluer la situation», déplore le collectif. «Il n’y a que par la sensibilisation, des objectifs chiffrés et une attention quotidienne à la représentation des femmes dans les médias, que l’on pourra changer la situation», poursuit-il. Ce collectif s’était fait connaître en 2014 avec un manifeste, signé par plusieurs centaines de personnes, qui dénonçait déjà le manque d’expertes invitées dans les médias et réclamait la présence d’au moins 50% de femmes expertes à l’antenne et dans les colonnes des journaux. Alors que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit publier aujourd’hui son premier rapport sur la présence des femmes dans l’audiovisuel, le collectif souligne que les dernières statistiques montrent que les hommes représentent 83% des experts invités. Ces chiffres sont issus d’un rapport publié en 2015 par le Global Media Monitoring Project (GMMP) consacré à la place des femmes dans les médias.
Selon ce rapport, les femmes ne représentent que 24% des personnes dont il est question dans les nouvelles (presse, radio et télévision), une baisse par rapport en 2010, regrette-t-il. La newsletter féministe «Les Glorieuses» a lancé de son côté un manifeste pour l’égalité hommes-femmes dans les médias, signé par plus de 1.600 personnalités.Le texte encourage les journalistes «à citer dans les articles et inviter dans les émissions autant de femmes que d’hommes».