ARTE : Sophie Marceau renoue avec «Une histoire d’âme» dans un film diffusé jeudi soir

615

Après avoir interprété Viktoria, unique personnage de «Une histoire d’âme», au Théâtre du Rond-Point en 2011, la comédienne Sophie Marceau renoue avec ce texte du cinéaste suédois Ingmar Bergman dans un film diffusé jeudi soir sur ARTE. Première pièce et premier film mis en scène par Bénédicte Acolas, «Une histoire d’âme», est une réflexion sur la solitude et la liberté incarnée par Viktoria, fille d’évêque, épouse de pasteur, au tournant du XXe siècle.

Jouée par une Sophie Marceau sensuelle et lumineuse, la belle bourgeoise suédoise s’affranchit par la parole de tout ce qui l’oppresse, l’obsède et l’humilie depuis toujours.

«Je crois que ce n’est pas une dingue», estime la comédienne qui vient de célébrer ses 49 ans. «C’est plutôt une femme qui se retrouve dans sa vérité, enfin». De son enfance à l’hôpital psychiatrique, en passant par sa vie de couple et les frasques amoureuses de son mari, elle passe en revue le chemin parcouru, dissèque ses états d’âme, évoque ses désirs et ses déceptions. «Elle veut s’entendre parler pour être sûre qu’elle est toujours vivante», relève Sophie Marceau. «On peut aussi imaginer que c’est une femme sur son lit de mort, ou en train de rêver, dit-elle. Ou comme on peut se parler, le matin, seul, devant le miroir de la salle de bains».

Vêtue de soie chatoyante, les cheveux libres ou relevés en chignon, la comédienne évolue dans un décor minimaliste, passant d’une pièce à l’autre d’un hôtel particulier. Le réalisateur de films cultes comme «Personna» ou «Le Septième sceau», peu avant sa mort, avait accordé les droits du scénario, écrit en 1972, à Bénédicte Acolas. Cette ex-danseuse contemporaine, formée sur le tard au théâtre et au cinéma, avait fait traduire le texte avant de l’adapter au théâtre avec Sophie Marceau en 2011. L’héroïne de «La Boum» n’était plus montée sur des planches depuis «Eurydice» de Jean Anouilh, dirigée en 1991 par Georges Wilson, et «Pygmalion» de l’écrivain Bernard Shaw en 1993, mis en scène par Bernard Murat.

«Une histoire d’âme» avait tourné aussi à Lorient, Nice et Aix-en-Provence. «Le texte a eu une grande résonance auprès de gens qui ne connaissaient pas spécialement Bergman», se souvient l’actrice. Seule en scène et à l’écran, la performance dure près d’une heure trente.

L’adaptation à la télévision est «autre chose», dit-elle, «c’est comme une chanson jouée en bossa nova ou en rock, on va danser différemment mais c’est la même chanson». L’aventure lui a semblé «indispensable». «Il était important que ce personnage soit gravé sur la pellicule», dit-elle.

Pour Bénédicte Acolas, il s’agit «d’approfondir les émotions de Viktoria et de les concrétiser dans une image, un état, une lumière». La réalisatrice dit avoir essayé de livrer «une lecture déconstruite» de ce texte difficile. «Complètement détachée» du maître suédois auquel elle voue «une grande admiration», elle a choisi «de s’approprier les choses pour tracer son propre chemin».