Arte/ «Intime conviction»: l’interdiction de l’essentiel du programme maintenue par la justice

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Le tribunal de grande instance de Paris a maintenu mercredi l’interdiction de l’essentiel du programme télé et internet d’Arte «Intime conviction», inspiré de l’affaire du Dr Jean-Louis Muller, définitivement acquitté du meurtre de sa femme. Seul le téléfilm sur l’enquête, qui avait été diffusé le 14 février avant que la justice n’interdise les autres volets du programme, a été autorisé. Mais il devra être précédé d’un avertissement précisant que «l’affaire judiciaire dont est en grande partie inspiré ce téléfilm a fait l’objet d’une décision définitive d’acquittement par la cour d’assises», selon le jugement consulté. En parallèle, un site internet prolongeant cette fiction devait permettre de suivre jusqu’au 2 mars le procès du suspect, «le docteur Villers», accusé d’avoir tué sa femme et exerçant, comme le vrai Dr Muller, la profession de médecin légiste. Ce jour-là, l’épilogue devait prendre la forme d’un verdict prononcé par le jury, en parallèle à un verdict issu d’un vote des internautes. Dans le programme, un jury fictif allait acquitter le docteur Villers, ce qui ne préjugeait pas du vote des internautes.Mais le programme n’est pas allé jusqu’à son terme. Les avocats de Dr Muller, Eric Dupond-Moretti et Jérémie Assous, ont obtenu en référé (procédure d’urgence) le 27 février l’interdiction du programme, une mesure rare aussitôt confirmée en appel. L’interdiction n’était valable que jusqu’à ce que les juges du fond se prononcent. L’avocat de la production du programme, Christophe Bigot, souhaitait que puisse être diffusé un film de 75’ sur le procès, réalisé à partir de la websérie dont la diffusion avait été stoppée. Le tribunal a refusé, estimant que ce film sur le «vrai faux» procès «fait obstacle à toute distanciation du spectateur et permet, pour reprendre les termes d’une collaboratrice de la société de production, d’ajouter à «l’enfièvrement d’une affaire de meurtre», «l’excitation un peu canaille suscitée par la possibilité de juger un homme»». Il «ne peut être imposé à Jean-Louis Muller d’être celui qui permet cette «excitation un peu canaille»», a jugé le tribunal, reconnaissant l’atteinte à la vie privée et la faute constituée par la diffusion du programme. La production et la chaine ont été condamnées ensemble à verser 50.000 euros de dommages et intérêts à Jean-Louis Muller. Le Dr Muller a été définitivement acquitté en octobre 2013 par les assises à Nancy de l’accusation de meurtre de sa femme en 1999, après deux condamnations à 20 ans de prison.