L’humoriste Guillaume Meurice juge que «l’extrême droite» a remporté une «victoire idéologique» après son licenciement par Radio France pour avoir réitéré ses propos polémiques sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «On en rirait volontiers si l’histoire s’arrêtait à mon cas personnel. Mais le projet est global», écrit l’humoriste au positionnement très à gauche mercredi dans une «lettre à France Inter», son ancienne radio, postée sur le réseau social X. «Les «libéraux» sont en train de livrer le pays clés en main à l’extrême droite, lui offrant, ce jour, une énième victoire idéologique», poursuit-il, alors que le RN se présentera en position de force aux législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Radio France a licencié M. Meurice mardi pour «faute grave», sa présidente Sibyle Veil lui reprochant sa «déloyauté répétée». Figure de l’émission «Le grand dimanche soir», présentée par Charline Vanhoenacker, l’humoriste a répété fin avril ses propos polémiques sur M. Netanyahu tenus une première fois fin octobre. Il l’avait comparé à une «sorte de nazi mais sans prépuce», ce qui avait déclenché des accusations d’antisémitisme et une plainte, finalement classée sans suite. Cela avait aussi valu à Radio France une mise en garde de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel. Plusieurs chroniqueurs de l’émission ont annoncé leur départ en solidarité avec Guillaume Meurice: Aymeric Lompret, GiedRé, Laélia Véron et, mercredi matin, Thomas VDB. Pour sa part, Charline Vanhoenacker a dit mercredi prendre «acte que celui qui a fait honneur au service public est aujourd’hui remercié». «Le bouffon congédié, plusieurs de mes camarades ayant démissionné, ma troupe amputée, il faudra une fois encore m’adapter», a-t-elle écrit sur X, allusion au fait que son émission est passée l’an dernier d’un rythme quotidien à hebdomadaire. Ancienne directrice emblématique de France Inter (2014-2022), Laurence Bloch a elle estimé que Guillaume Meurice aurait pu «exprimer un regret». «Mon cher, cher Guillaume Meurice, il y avait si peu à faire pour éviter cette mécanique du désastre. Juste considérer tous les auditeurs (…) de la même façon: ceux qui ont ri à votre blague, ceux qui en ont été cruellement blessés», a posté sur X Mme Bloch, qui vient de quitter Radio France après 50 ans de carrière. Mardi, dans un mail aux salariés, Sibyle Veil a fait valoir que Guillaume Meurice n’avait «pas laissé d’autre choix» à Radio France que de le congédier. «En réitérant finalement ses propos à l’antenne en avril, Guillaume Meurice a ignoré l’avertissement qu’il avait reçu, la mise en garde de l’Arcom et détourné la décision du procureur» de classer la plainte sans suite, a-t-elle argumenté. Sans nommer Mme Veil ni la directrice de France Inter Adèle Van Reeth, M. Meurice a fustigé dans sa lettre les «âmes de si peu de scrupules» qui dirigent la station, en leur reprochant «leur soif d’obéir» et «leur brutalité».