Anaïs BOUTON, Directrice des programmes Paris Première

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Le Groupe M6 va demander le basculement de la chaîne Paris Première vers la TNT gratuite. Selon son Président, Nicolas de Tavernost, les jours de la TNT payante sont comptés. Le passage du payant au gratuit est rendu possible par le récent changement de législation qui devrait aussi rapidement concerner la chaîne d’information LCI. Afin de nous évoquer les évolutions de Paris Première, média+ s’est entretenu avec sa directrice des programmes, Anaïs BOUTON.

MEDIA +

La satirique remise des récompenses télévisées «Les Gérard de la TV» s’est déroulée hier soir en direct sur Paris Première. Quel bilan en faites-vous ?

ANAÏS BOUTON

Pour la première fois de son histoire, la cérémonie des Gérard a ouvert le vote au public, réservant deux catégories à son jury de professionnels. Au total, 17 récompenses ont été décernées lors de la soirée. Comme vous avez pu le constater, la comédienne Juliette Arnaud a rejoint l’équipe cette saison, remplaçant Arnaud Demanche, l’un des créateurs de la cérémonie aux côtés de Frédéric Royer et Stéphane Rose. «Les Gérard» est l’un des programmes les plus puissants de Paris Première. Entre 2007 et 2012, l’audience a oscillé entre 180.000 et 350.000 téléspectateurs. Nous réfléchissons au développement de la marque.

MEDIA +

Dans un univers concurrentiel particulièrement renforcé, comment Paris Première peut-elle encore se démarquer éditorialement ?

ANAÏS BOUTON

Paris Première affiche un très bon bilan de mi-saison dans un contexte où les audiences du paysage audiovisuel sont de plus en plus fragmentées avec l’arrivée de six nouvelles chaînes. Avec ces nouveaux entrants, notre numérotation a d’ailleurs été modifiée. Le public doit encore retrouver ses habitudes. Néanmoins, nous sommes stables dans un paysage cab/sat en repli de 1 point sur les 4+ et de 0,5% sur les CSP+. Dans l’univers câble et satellite, nous sommes la deuxième chaîne mini-généraliste sur les 4 ans et plus, mais surtout première chaîne sur les CSP+ et CSP++. Paris Première est particulièrement consommée en Prime et en deuxième partie de soirée. D’autre part, en observant l’inflation des chaînes depuis 1 an, l’antenne qui émerge assurément, c’est Arte. Cette dernière possède une identité hyper forte et nous nous situons sur ce même genre de territoire.

MEDIA +

Pour cultiver votre différence, sur quels projets travaillez-vous ?

ANAÏS BOUTON

Nous préparons «Steak Révolution», un documentaire d’envergure mêlant découverte et gastronomie qui partira à la recherche du meilleur steak du monde. Nous développons 7 nouveaux numéros de «La Grande Expo», notre émission d’art. A l’occasion des 10 ans de «Ça balance à Paris», nous proposerons une émission spéciale. L’éditorialisation de notre offre cinéma se poursuit avec les 40 ans des «Valseuses» en février, un cycle Pagnol, ou encore une thématisation spécifique pour le festival de Cannes en mai. Nous diffusons le 12 février un documentaire inédit sur les 60 ans de Dominique Besnehard, interviewé par Béatrice Dalle. Nous réfléchissons aussi à la reconduction du format, «Deux» (KM Productions), une rencontre entre personnalités.

MEDIA +

Quelle offre de spectacles prévoyez-vous pour la saison 2014 ?

ANAÏS BOUTON

Le deuxième pilier de l’offre de Paris Première réside évidemment dans les spectacles. Nous  sommes la plus grande salle de spectacle de France puisque nous donnons accès à toute la scène parisienne en cours, soit 50 spectacles par an dont une trentaine en direct. A venir, «La Nuit de la Bretagne», «Mon beau-père est une princesse», ou encore «Les BAFTA». Le choix de nos spectacles s’opère en fonction de leur popularité et de leur intérêt. Nous avons aussi intégré un nouveau format, «La Troupe à Palmade» avec 14 comédiens et comédiennes. Nous continuerons à développer des projets avec eux.

MEDIA +

Comment la tranche en clair de Paris Première tend à évoluer ?

ANAÏS BOUTON

La tranche en clair n’est plus un sujet pour nous. L’enjeu est de savoir si la chaîne passera totalement en gratuit. Cette réflexion sur la gratuité de la chaîne nous amène à nous interroger sur les marques fortes qui font l’ADN de la chaîne et qui seront dignes d’être regardées par un large public. C’est le cas de «Paris Dernière» qui va fêter ses 18 ans, ou encore le format «Très très bon» qui enregistre jusqu’à 5 points d’audience en CSP+. 

MEDIA +

Si Paris Première passe en gratuit, à quoi ressemblera-t-elle ?

ANAÏS BOUTON

Si la chaîne passe en gratuit, l’approche éditoriale s’inscrira dans la continuité de ce que nous accomplissons déjà, c’est-à-dire impertinente et premium. Nous travaillons ainsi sur la mise en avant des caractéristiques objectives de la chaîne, de son apport au paysage audiovisuel actuel.  Quelque soit l’avenir de Paris Première, nous continuerons à développer une politique ambitieuse de documentaires, de magazines référents, de spectacles et de cinéma. Le tout sera porté par des personnalités qui ne laissent pas le public indifférent.